Athlétisme: Noah Lyles, "un gars normal", vu par son coach et sa mère
. La gloire
Lance Braumann, entraîneur de Lyles, interrogé par l'AFP et par le quotidien sportif L'Equipe en juin à Eugene (Oregon):
"Il a toujours su rester le même. Il a toujours aimé les collaborations et les publicités, ça va avec ses résultats. On doit juste s'adapter autour de ça. Mais ça ne l'a pas changé du tout. Il est toujours le même gars, confiant, qui aime s'entraîner, qui aime la course, qui aime son sport.
C'est un gars normal. Le show fait partie de sa personnalité, mais c'est juste un gars normal qui fait de son mieux comme tous les autres. Il a un grand talent, il court vite, il reste ainsi."
Keisha Caine Bishop, mère de Lyles, à l'AFP:
"A mes yeux il n'est pas une légende, mais juste mon fils, Noah. S'il continue sur cette voie il peut devenir une légende aux yeux de la société en effet. Mais finalement, quand les caméras ne sont plus là, que les lumières sont éteintes, le plus important est d'avoir son lieu refuge, un cocon, dans ce monde difficile. Malgré les projecteurs cela reste une vie de travail et de sacrifices. C'est pourquoi il est très important d'avoir une famille, une équipe proche, qui vous voit comme une personne au lieu de vous voir comme une star."
. Son évolution
Lance Braumann:
"Il n'a jamais été qu'un simple spécialiste du 200 m (triple champion du monde 2019, 2022 et 2023). Il était l'un des meilleurs Américains dans sa jeunesse sur 100 m. Puis le Covid est arrivé et il a été blessé en 2021, il a quand même réussi à accrocher le bronze du 200 à Tokyo. Après ça il a voulu reprendre sa domination sur 200 m en 2022, puis nous avons fini par revenir à ce que nous faisions avant, être un vrai sprinteur, avec le 100 et le 200 m.
Après la saison passée (et son triplé 100, 200, 4x100 m aux Mondiaux), l'objectif pour cette année était de continuer à développer sa force, d'insister en salle de musculation, où nous avons été un peu plus agressifs. Il a soulevé des charges lourdes jusqu'aux sélections olympiques. L'idée générale était de le faire passer un cap pour produire plus de force."
Keisha Caine Bishop:
"Lorsqu'il est passé professionnel après son lycée il était beaucoup plus fin. Il s'est développé progressivement. Ils ont modifié son programme en salle de musculation. Il est devenu plus fort, ce dont il avait besoin pour améliorer sa sortie de blocks au départ.
Ce que les gens ne comprennent pas forcément, c'est que l'athlétisme est une construction constante, année après année. Tant que l'athlète ne se blesse pas et suit un entraînement régulier il peut s'améliorer chaque année."
. L'échec
Keisha Caine Bishop:
"Ce que j'admire chez Noah c'est qu'il n'a pas peur de la défaite. Je vois des athlètes dévastés par une défaite. Quand Noah perd, il revient plus fort, plus motivé, et travaille d'autant plus. Il va se poser, se demander ce qu'il peut faire de mieux, il essaie toujours de comprendre son sport. Il met au défi son équipe de l'aider, de trouver comment il peut tirer le meilleur.
Dans la famille on a une grande capacité de rebond. On a enduré des choses difficiles dans nos vies, mais notre foi nous maintient debout."
. Jusqu'où peut-il aller ?
Lance Braumann:
"Je ne fixe jamais de limites, donc je ne peux pas vous dire quelles sont les siennes. Le bon jour avec la bonne météo il pourra courir le 100 m en moins de 9 sec 80 (ce qu'il a fait en finale olympique, 9.79), et il va continuer à construire à partir de là. C'est un talent, avec ce genre de personnes il faut juste attendre et se laisser surprendre."