Le cabinet de Médecins solidaires à Ajain va ouvrir une deuxième ligne de médecin
«À l’époque, on pensait que ce projet ne serait que provisoire », se souvient le maire d’Ajain, Guy Rouchon. Mais depuis octobre 2022, date de l’ouverture du premier centre Médecins solidaires sur la commune, les choses ont bien avancé. Tout de suite, ce cabinet où des médecins de toute la France se relaient chaque semaine, a rencontré un vif succès. Près de 8.000 consultations ont pu être réalisées à Ajain.
Une deuxième ligne de médecinsEntre-temps, trois autres centres ont ouvert : un autre dans la Creuse à Bellegarde-en-Marche, un dans le Cher et un dans la Nièvre. Un cinquième devrait ouvrir à Arnac-la-Poste en Haute-Vienne au mois d’octobre prochain. Tandis qu’un sixième et un septième devraient également voir le jour d’ici la fin de l’année en Centre-Val-de-Loire et dans un autre département de Nouvelle-Aquitaine.
Fort de son succès, le cabinet d’Ajain a déménagé le 10 juillet dernier pour s’agrandir. Il a quitté le bâtiment préfabriqué où il était modestement installé pour s’installer « en dur » dans des locaux rénovés de l’Ehpad. « C’est très fort parce qu’on tourne la page de l’expérimentation, se réjouit Gabriel du Passage, directeur opérationnel de l’association Médecins solidaires. C’est un symbole fort de quitter ce cabinet modulaire pour s’installer en dur. Ça s’inscrit aussi dans un plan de développement ambitieux. »
Afin de répondre à la forte demande de la population dans ce désert médical qu’est la Creuse, une deuxième ligne de médecins devrait ouvrir prochainement au centre d’Ajain (une date précise d’ouverture sera communiquée début septembre 2024, N.D.LR.) qui ne pouvait plus accueillir de patients supplémentaires jusqu’à présent. En outre, un troisième cabinet dans ces nouveaux locaux de 150 m² permettra d’accueillir en plus une infirmière.Les nouveaux locaux de 150 m² offrent plus de confort aux trois secrétaires médicales mais aussi aux patients.
1.300 patients en plusCette nouvelle ligne de médecins pourra accueillir une patientèle d’environ 1.300 personnes. La priorité sera donnée aux gens touchés par des affections de longue durée et à ceux qui n’ont pas de médecin traitant. « Nous, on n’a pas vocation à concurrencer le médecin de famille mais juste à trouver une solution, précise Gabriel du Passage, conscient du modèle novateur de ce type de centre. Mais le médecin de famille n’étant pas possible, on propose la famille de médecins. »
À ce jour, le cabinet d’Ajain reçoit entre 20 et 25 patients par jour. « Demain, tout sera multiplié par deux, explique l’une des trois secrétaires, Johanne Chevalier. On n’aura pas tout de suite deux fois plus de patients, mais je pense que ça va arriver rapidement. »
Des médecins qui adhèrentEt il est vrai que pour l’instant, l’association n’a pas de difficulté à trouver des médecins. Aujourd’hui, près de 500 sont volontaires pour exercer dans l’un des quatre centres. La moitié d’entre eux a déjà exercé au moins une semaine par an. « Notre objectif, c’est d’atteindre les 1.000 médecins volontaires d’ici la fin de l’année 2024 », ambitionne le directeur opérationnel de l’association.Le docteur Ciras, retraité dans le Loiret, n’a pas hésité une seconde à se porter volontaire pour venir exercer une semaine en Creuse. « Il est important d’investir dans ce genre d’initiatives car il faut que les gens aient un suivi médical. S’ils n’en ont pas, ça engendre un coût qui sera beaucoup plus élevé pour la société sur le long terme. »
Les patients aussiComme lui, de nombreux médecins venus de toute la France, retraités ou non, se relaient chaque semaine pour venir exercer à Ajain. « Et les gens adhèrent à cela, se réjouit Gabriel du Passage. Ils nous disent qu’ils sont contents des soins. À la fois en termes de continuité du suivi mais aussi en termes de regards croisés. Les patients ont plusieurs regards de plusieurs médecins et ça, ils apprécient beaucoup. À la fois pour des pathologies mais aussi pour des traitements plus légers. »
Poussée par cette réussite creusoise, l’association Médecins solidaires a pour ambition d’avoir 14 centres ouverts d’ici fin 2025 et 21 en 2026. « On est agréablement surpris de ce que nous avons réalisé, donc on avance. On continue », conclut plein de volonté le directeur opérationnel.
Vincent Faure