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Август
2024

Ces associations de Haute-Loire veulent créer une Sécurité sociale alimentaire

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Depuis plusieurs mois, un consortium d’associations du Brivadois travaille à un projet de Sécurité sociale de l’alimentation sur le territoire. Soleil Devant, dASA, le Secours catholique et les Restaurants du cœur se sont rassemblés pour répondre à un appel à projets national, " Mieux manger pour tous ". Une démarche ayant permis d’obtenir des fonds pour lancer certaines actions, dont le recrutement, par dASA, de Clémentine Seyve chargée de travailler à la mise en place de cette sécurité sociale de l’alimentation, mais aussi sur le don alimentaire (voir ci-contre). Les actions comprennent aussi le développement du restaurant solidaire La Tablée.

Un projet né en 2017

" Au niveau national, le projet de Sécurité sociale de l’alimentation a émergé en 2017, explique Clémentine Seyve. L’idée est venue de plusieurs personnes qui partaient d’un constat : de plus en plus de gens ont recours à l’aide alimentaire. Or, le droit à l’alimentation, ce n’est pas que le droit d’avoir à manger, mais c’est aussi celui de choisir dignement son alimentation.

Et d’un autre côté, il y avait les producteurs qui ne pouvaient pas forcément vivre de leur métier et peinaient à écouler leurs stocks. Ils ont cherché un moyen de remédier à tout ça et se sont inspirés du système de la Sécurité sociale. Ce qui est proposé, c’est donc que les gens puissent cotiser chaque mois sur une caisse en fonction de leur reste à vivre mensuel (ce qu’il reste à un ménage après avoir payé les charges mensuelles). Et après, ils touchent un certain montant. De l’argent qui peut être dépensé chez des producteurs ou dans des commerces conventionnés. "

Plusieurs expériences

Plusieurs projets ont déjà été lancés. De premières expériences de Caisses locales de l’alimentation ont vu le jour vers 2020-2021. " D’abord dans des villes, comme Montpellier, Toulouse, ou le VIIIe arrondissement de Lyon. Puis en milieu rural, comme à Dieulefit, dans la Drôme.

Dans ce dernier cas, avant la création d’une caisse locale, il y a d’abord eu la mise en place d’un système de prix différencié sur un marché local : les gens pouvaient, en fonction de leurs moyens, payer un prix juste, pour que l’agriculteur soit rémunéré pour son travail ; un prix accessible (85 % du prix juste) ; ou un prix solidaire (125 % du prix juste) permettant de proposer ces prix accessibles aux gens qui en ont besoin. "

La question finançière se pose

Se pose bien évidemment la question de la ressource financière permettant d’équilibrer le tout, si jamais cela ne se fait pas naturellement. " Il s’agit de chercher des fonds ailleurs. Via le mécénat, les financements publics…  ", évoque Clémentine Seyve. Et la salariée de dASA d’insister :

 Ce sont des projets citoyens. Chaque expérimentation choisit comment monter son projet. Cela permet de voir ce qui marche ou pas. 

 À Dieulefit, l’expérience a porté ses fruits et une caisse locale doit être lancée avec davantage de produits conventionnés. " À Montpellier, cela marche grâce à des subventions… "Localement, le fait d’avoir une animatrice qui se penche sur la question de cette Caisse locale de l’alimentation, " permet de lancer une dynamique. Mais après, c’est un projet qui doit être récupéré par les citoyens du Brivadois.

Le temps des questions

Le but est d’arriver à quelque chose qui fonctionne seul. 

Sur les six premiers mois de 2024, un groupe d’une dizaine de personne a donc commencé à dégrossir les grandes lignes de cette sécurité sociale de l’alimentation brivadoise : Comment la financer ? Comment, la gérer ? Où se fournir ? Comment toucher le public ? "

 Le but désormais c’est qu’en septembre on se penche sur comment travailler sur le territoire et qu’il y ait des décisions prises. L’idée est de lancer une Caisse locale de l’alimentation dans le courant 2025. Il faut notamment créer la structure qui la portera, voir comment seront gérés le financement et l’attribution des aides… Et le territoire d’action n’est pas encore défini. On a fait des réunions publiques et il y a des personnes intéressées dans plusieurs communautés de communes. Cela n’aura, de toute façon, pas la même ampleur que dans les villes. Il faut commencer à la hauteur de ce qu’on peut. "

Une structure différente

Quant à la différence entre ce système et l’aide alimentaire apportée par des structures comme les Restaurants du cœur, l’animatrice l’explique clairement : "

 L’aide alimentaire a pour but de nourrir les gens. Il s’agit plus d’apporter une quantité dans l’immédiat. La Sécurité sociale de l’alimentation ne permettra pas de se nourrir sur un mois, mais d’accéder à d’autres produits. On est dans le domaine de la dignité autour de l’alimentation. Il s’agit d’une caisse qui permet de choisir ce que l’on veut et où l’acheter. Et pour les personnes qui donnent, c’est un investissement pour tous. "

Créer du lien

Enfin, le projet a un autre aspect important à prendre en compte pour l’animatrice : " Créer du lien. Il peut y avoir des repas, des visites d’exploitations des réunions de décisions. Il s’agit de redonner de la parole aux gens autour de l’alimentation. " 

 

ParticiperContact? Les personnes souhaitant rejoindre l’aventure de la création de la Caisse locale de l’alimentation et de la Sécurité sociale de l’alimentation sur le Brivadois peuvent adresser un mail à l’adresse suivante : alim.solidaire43@gmail.com, ou appeler au 07.50.03.89.71.

Un diagnostic social et alimentaire

Dans le cadre de cette démarche de mise en place d’une Sécurité sociale de l’alimentation dans le Brivadois, un questionnaire ouvert à tous les habitants de la Communauté de communes Brioude sud Auvergne avait été mis en place et diffusé d’avril à mi-mai. " Il avait été envoyé par mail à tous nos contacts, présenté sur le marché, et diffusé par nos partenaires : secours populaire et catholique, Déclic, mairies, Mission locale… " Il s’agissait de dresser un diagnostic social alimentaire local. Évaluer le rapport à l’alimentation des habitants : où font-ils leurs courses ? Ce qui est important pour eux dans l’alimentation ; le budget qu’ils peuvent allouer… Tout ça corrélé avec le lieu de vie, la mobilité pour accéder à l’alimentation et les catégories socioprofessionnelles. Environ 260 réponses ont été collectées. Jade Butin, étudiante en Master de développement rural en stage aux côtés de Clémentine Seyve, doit dresser, avec les résultats de ce questionnaire, un état des lieux du rapport des gens à l’alimentation sur le territoire.

 

Un appel lancé aux jardiniers et maraîchers  Don Alim, structure créée dans le cadre de l’appel à projets " Mieux manger pour tous " lance, en cette période estivale, un appel aux jardiniers, aux particuliers et aux maraîchers : tous ceux qui ont des fruits et légumes en trop (surplus de production pour les particuliers, quantité trop importante ou légumes moches pour les professionnels…) peuvent contacter le don alimentaire (voir ci-dessous). " C’est destiné à tous, insiste Clémentine Seyve. Les gens peuvent nous apporter leur surplus, ou, en fonction de la distance, des bénévoles peuvent venir cueillir le surplus. Tout ce qui est recueilli est ensuite dispatché aux Restaurants du cœur, au Secours populaire ou au Restaurant solidaire La Tablée. " Une bonne solution pour tous ceux qui produisent plus qu’ils ne peuvent consommer…

Pierre Hébrard