" La grande fabrique de l'image " : horizon 2030 pour l'audiovisuel français
Depuis la pandémie du Covid-19, les secteurs de la production audiovisuelle, cinématographique et du jeu vidéo sont en croissance exponentielle. En France, la demande de productions culturelles ne cesse d'augmenter et l'évolution réglementaire liée aux plateformes de streaming (Netflix, Disney+, Amazon Prime, etc.) ouvrent de nouvelles opportunités à la filière. Pourtant, comme le souligne le réalisateur, producteur et président de la commission France 2030 " La grande fabrique de l'image " studios et formation, Cédric Jimenez, " [En France] on produit énormément, pourtant on n'est pas aussi fort en accueil de tournages. "
Liberté, créativité et souveraineté de l'audiovisuel françaisC'est dans ce contexte d'ultra-compétitivité et de défis que l'appel à projets exceptionnel dédié aux studios et à la formation s'inscrit et entend donner une nouvelle impulsion au marché du tournage français. Lancé en avril 2022 et porté par la Caisse des Dépôts et Consignations et le CNC (Centre national du Cinéma et de l'image numérique), il vise à moderniser et amplifier non seulement les moyens et sites techniques de tournage, mais aussi la formation de nouveaux talents sur le territoire pour répondre et anticiper les mutations du secteur.
Réimpulser l'attractivité du territoireAujourd'hui " on a une capacité d'accueil en studio très faible comparé à nos voisins. ", déclare la présidente de Gaumont Télévision France et productrice de la série à succès Lupin, Isabelle Degeorges. Fort de ce constat, le projet France 2030 prévoit un véritable saut industriel du territoire en termes de surface de plateaux et de décors extérieurs permanents. Si la totalité des 68 projets sélectionnés et financés par les commissions France 2030 (studios et formation ainsi que jeux vidéo) vont à leur terme, la France prendrait alors la première marche du podium européen. Cette primauté sur le marché continental serait un avantage compétitif évident comme le souligne le réalisateur et producteur marseillais : " Au plus on a d'outils [des studios], au plus on est compétent pour recevoir des tournages français, mais aussi étrangers. Et, c'est important pour le cinéma français, qu'on puisse accueillir. " Ainsi, " La grande fabrique de l'image ", soutenue par le ministère de la Culture, se présente comme un véritable levier financier et d'attractivité pour le territoire français dans le but de séduire et d'attirer les productions tricolores mais aussi celles d'autres grandes nations telles que " les Anglais, les Américains " comme les cite Cédric Jimenez. Le projet se veut également catalyseur de la création d'emplois et de la consolidation des territoires autour de ces nouveaux pôles d'attractivité de l'industrie culturelle.
Former de nouveaux talents françaisOutre le soutien aux studios, le second pan du projet de financement est l'appui à la formation : " La formation c'est important dans tous les domaines, au cinéma aussi. ", déclare le président de la commission. Une observation que complète Isabelle Degeorges : " L'idée de France 2030 c'était d'aider des écoles existantes à s'agrandir et d'ouvrir leurs filières à des métiers en tension et des organismes qui veulent se créer. "
Ce besoin urgent de former dans les métiers techniques du cinéma répond au constat que le secteur semble aujourd'hui manquer de main d'oeuvre qualifiée mais, surtout, que la répartition des talents est inégale. Ainsi, si Paris et Marseille semblent épargnées, Cédric Jimenez souligne que " parfois, on se rend compte que certaines villes (...) ont sur place quelques carences de personnel. Donc, pouvoir former des gens dans toute la France c'est très important. " Le renforcement des écoles existantes et la création de nouveaux organismes est donc nécessaire pour accompagner la croissance inévitable du secteur d'ici 2030, " au plus il y a de travail, au plus nous avons besoin de gens qualifiés ", justifiant la sélection de 34 organismes de formation au cours de l'appel d'offres.
Une réponse objective aux nouveaux enjeux de l'audiovisuelAfin de soutenir le développement et le renforcement des studios et de la formation, la commission a réuni autour de la table de nombreux métiers de l'audiovisuel pour assurer l'étude objective et sous tous les angles des 175 dossiers de candidatures reçus. Chefs opérateurs, producteurs, professionnels de la décoration... Chaque corps de métier présent a eu son importance dans l'évaluation des critères de faisabilité, d'efficacité et de l'ambition des projets participants en tenant compte notamment d'une réduction de l'empreinte carbone de la filière et le développement d'activités écoresponsables.
Une assemblée décrite comme heureuse et collégiale par ses membres et dont le rôle a été déterminant dans l'identification des structures lauréates, qui permettront " à des gens d'horizons différents de s'exprimer et de raconter des histoires. " pour reprendre les mots de la présidente de Gaumont Télévision France.
Cet article a été publié initialement sur Big Média " La grande fabrique de l'image " : horizon 2030 pour l'audiovisuel français