Les cyclistes des Jeux olympiques ont eu un sacré cœur
Un monde fou s’était massé dans la Butte Montmartre. Au sommet, sous le Sacré-Cœur, plus une place n’était disponible deux heures avant le passage des coureurs. Que ce soit sur les marches, les espaces en herbe environnants. Certains ont rebroussé chemin, d’autres ont préféré assurer le coup dans la descente. Parmi la masse de spectateurs, un grand drapeau belge flottait, ainsi que plusieurs petits drapeaux français.
Remco, une jambe au-dessusUne belle image de la course de vélo pour laquelle tous ces spectateurs s’étaient massés. Elle a été dominée de la tête et des épaules par Remco Evenepoel. Le Belge, le plus fort et le plus malin, a tenté avant le premier passage dans la Butte. Avant de sortir du groupe des favoris en facteur, sans en donner l’air, et de rejoindre le groupe de tête sur le plat, peu après la descente.
Celui qui l’a accompagné le plus longtemps est un Tricolore : Valentin Madouas. Déjà à l’avant dans un petit groupe, le Breton a vu revenir Remco Evenepoel. Et le Belge a écrémé la tête de course petit à petit. Jusqu’à se retrouver en face-à-face avec le Français. « Il faisait toutes les bosses à fond pour me faire exploser », raconte le champion de France 2023. Il s’est accroché jusqu’à une côte à 15 km. Pas la Butte Montmartre.
Des oreilles martyriséesMais c’est dans celle-ci qu’il a assuré sa médaille. « Les jambes ne répondaient plus et les supporters m’ont bien poussé, confie Valentin Madouas. Je pense que c’est grâce à eux que j’ai pu basculer deuxième. » Ces supporters ont toutefois martyrisé les oreilles du nouveau vice-champion olympique et celles de son comparse Christophe Laporte. « L’ambiance, je n’ai jamais vécu ça, même sur le Tour de France », confie Madouas.
« C’était incroyable, sourit Christophe Laporte, le troisième homme de cette course. Quelque chose de difficile à décrire. Ça fait presque mal aux oreilles, mais ces souvenirs resteront à vie. » « J’ai eu mal aux oreilles jusqu’à l’arrivée, pendant 20 minutes au moins, indique Valentin Madouas. Le bruit était tellement fort que j’avais l’impression d’avoir les écouteurs à un niveau ++. » Si son audition était en souffrance, son regard était très expressif.
À la radio, mais sans oreillette« J’ai franchi la ligne sans savoir que j’étais troisième, confie Christophe Laporte, arrivé victorieux d’un groupe de sept. Dans ses yeux, j’ai vu que l’on avait gagné une médaille. Il m’a dit “tu fais trois”. J’ai regardé Remco, qui m’a dit “oui, oui”. C’est là que j’ai compris. » Dans la Butte Montmartre, les gens avaient leur téléphone. Ils souhaitaient regarder l’arrivée, mais n’ont pas forcément su le résultat avant le coureur sans oreillette. La faute à un réseau saturé.
Si les Néerlandais, emmenés par un Mathieu Van der Poel seulement douzième, juste derrière Julian Alaphilippe, étaient calmes et déçus, Belges et Français ont pu exulter. Comment ? « Un gars sur le trottoir d’en face avait la radio et a annoncé le résultat : c’était l’explosion de joie », confie Morgane, une spectatrice. « Une ambiance de folie des Belges qui ont fini la fête dans les bars », ajoute Frédéric, un autre supporter.
À Paris, Ludovic Aurégan