"C’est un abus de position dominante" : le beau-père condamné pour agressions sexuelles
Ce jeudi 01 août, un père de famille de 49 ans était présenté devant le tribunal correctionnel pour agressions sexuelles et corruption de mineure. Sans emploi depuis trois ans, il s’occupait de la maison à temps plein ainsi que des six enfants composant le foyer de cette famille recomposée installée dans le Brivadois : les deux fillettes du couple et les 4 enfants issus d’une union précédente de la mère de famille. La victime, l’aînée de la fratrie, était en stage lorsqu’elle s’est confiée sur ce qu’elle vivait chez elle. C’est le directeur de l’entreprise qui est allé faire le signalement à la gendarmerie, en mai dernier. « Les violences sexuelles concernent un enfant sur dix. Dans 90 % des cas, ces faits sont commis par un membre de l’entourage », a rappelé le substitut du procureur Géraud de Vallavieille.
Le quadragénaire a été immédiatement poursuivi pour avoir commis des agressions sexuelles sur mineur de plus de 15 ans par une personne ayant autorité sur la victime et corruption de mineure. La période de prévention court du mois d’octobre 2023 à la fin du mois de mai 2024. Lors ce son audition, la jeune victime a expliqué que depuis quelques mois son beau-père lui demander de venir dans la chambre parentale après que la mère soit partie au travail. « Il a commencé à me toucher la poitrine avec ses mains et sa bouche. » Au fil du temps ces gestes ont été répétés puis réalisés également sur « les parties intimes » de l’adolescente. Il lui aurait aussi demandé de lui toucher « ses parties » à lui, ce qu’elle a toujours refusé. Le beau-père n’a jamais reconnu ces faits. Sa femme (la mère de la victime NDLR) et lui ont dressé un portrait peu flatteur de la victime, lu par la présidente d’audience Nelly Pradeau : « Une jeune fille introvertie, garçon manqué, avec qui il est impossible de nouer une relation de complicité, mythomane et qui nous use psychologiquement ». Le quadragénaire a nié le fait même d’avoir parlé de choses sexuelles avec elle. Ce qu’il ignorait, c’est que l’adolescente avait enregistré une de leur conversation, où on y entend l’homme parler des gestes décrits par la victime et « qu’il aimerait la faire jouir ». Pour se défendre, le prévenu a expliqué qu’il manque la première minute de la conversation et qu’il essayait à ce moment-là « de la faire parler des agressions qu’elle avait subies de la part de son père. »
La défense plaide la relaxe« La litanie du beau-père modèle j’ai du mal à y croire », a plaidé Me Aurélie Chambon pour la défense de la jeune fille, représentée à l’audience par l’administrateur ad hoc de l’association Justice et partage. « Je ne pense pas qu’il soit pédophile. Il s’agit plutôt d’un abus de position dominante », a analysé le substitut du procureur de la république Géraud de Vallavieille avant de s’adresser à la femme du prévenu, présente dans la salle d’audience, pour lui dire combien elle avait été « en dessous de tout en termes de protection de son enfant. » Qualifiant les faits « d’une laideur extrême de quelqu’un qui se présente comme bien sous tout rapport et qui s’est retrouvé face à une fille qui aurait tous les torts », il a requis une peine de 3 ans de détention dont la moitié de sursis probatoire avec mandat de dépôt à délai différé.
« Les propos qu’il a eus sont dégueulasses, c’est certain, mais cela ne suffit pas pour requérir une peine aussi lourde », a lancé pour la défense Me Manon Fourcade qui a plaidé la relaxe pour les agressions sexuelles. Après un court délibéré, le tribunal a justifié sa décision : « Les dires de la victime ont été corroborés par d’autres témoignages. » Le beau-père a été reconnu coupable de l’ensemble des préventions et a été condamné à deux ans de prison dont un an de sursis probatoire avec les obligations de se soigner et d’indemniser la victime à hauteur de 3.500 €. Il a également l’interdiction définitive d’exercer une activité au contact de mineurs et son nom est inscrit au fichier des délinquants sexuels (Fijais). Il devra réaliser la partie ferme de sa peine sous forme d’un emprisonnement à domicile avec le port d’un bracelet électronique.
Céline Demars