Gymnastique: Biles au firmament
Au bout d'une soirée qui est allée crescendo, dont le dernier acte a fait frissonner l'Arena Bercy de Paris, Biles a conquis son deuxième titre à Paris avec un total de 59,131 points, devant la Brésilienne Rebeca Andrade (57,932) et l'Américaine Sunisa Lee (56,465).
La reine des Jeux de Rio en 2016 avait renoué avec la victoire olympique lors de l'épreuve par équipe pour un titre au goût de revanche et de rédemption après la médaille d'argent aux Jeux de Tokyo-2020.
Sur sa lancée à Paris, elle a rejoint le cercle très fermé des gymnastes ayant décroché deux titres olympiques au concours général individuel, aux côtés de la sportive de l'Union Soviétique Larissa Latynina (1956, 1960) et la Tchèque Vera Caslavska (1964, 1968).
Elle enrichit sa collection qui compte désormais 9 médailles olympiques, dont 6 en or, pour porter son total planétaire, JO et Mondiaux confondus, à 39 médailles, dont 29 en or. Aucun ni aucune gymnaste n'a jamais construit un tel palmarès sur les deux grands événements réunis.
Pour accomplir son dessein, Biles, dans un justaucorps bleu nuit plus scintillant que jamais, a dû attendre l'ultime passage de l'épreuve: c'est elle qui a conclu au sol, devant plusieurs légendes du sport comme le footballeur Zinédine Zidane, le basketteur Tony Parker ou encore la joueuse de tennis Serena Williams.
Suprématie
La tension est montée à son maximum au moment de cet agrès, pour lequel les trois grandes favorites de l'épreuve - qui ont composé le podium final - se sont affrontées dans un même groupe.
La fièvre a envahi le public après le passage de Sunisa Lee, dont la note l'a propulsée en tête du classement provisoire.
Puis ce fut au tour de Rebeca Andrade, ovationnée par la foule. Assise sur les marches qui mènent au plateau du sol, Biles a attendu l'annonce de la note de la Brésilienne, qui a placé Andrade à la première place.
Son mollet gauche toujours bandé depuis une douleur ravivée lors des qualifications dimanche, Biles y est allée à fond pour livrer une performance remarquable.
Elle n'avait pas encore terminé qu'elle souriait déjà. Une fois sa prestation assurée, elle a sauté de joie, communié avec le public, pris un drapeau américain avant de courir au centre du carré du sol, drapée dans la bannière étoilée avec Lee une fois la victoire annoncée.
Ce sont décidément les Jeux du renouveau et de la suprématie pour Biles, une Texane d'1,42 m, qui réussit tout.
Et pourtant, elle a bien failli connaître un coup d'arrêt définitif.
En 2021, aux Jeux de Tokyo, elle a dû abandonner en cours de route pour préserver sa santé mentale, sérieusement perturbée par des "twisties", des pertes de repères dans l'espace qui surviennent sans prévenir.
"Ne pas regretter"
Biles a engagé un profond travail de reconstruction qui aura duré deux ans et qui lui aura permis de renouveler son amour à son sport.
"J’ai été déprimée pendant un certain temps, et sous antidépresseurs", avait confié Biles dans un entretien au journal Le Monde. "Puis je me suis dit que je ne pratiquerai pas toute ma vie à ce niveau ce sport que je chéris, et que je ne voulais pas regretter dans dix ou quinze ans de ne pas avoir réessayé, alors je retente ma chance en me donnant à fond."
Grâce à la gymnastique, elle a conquis tous les titres et créé cinq mouvements à son nom.
Et elle permet à son pays de poursuivre sa succession ininterrompue de titres dans l'épreuve-reine: depuis la première victoire de l'histoire de la gymnastique d'une Américaine au concours général individuel aux Jeux d'Athènes en 2004 (Carly Patterson), le titre n'a jamais échappé aux Etats-Unis.
D'ici la fin des Jeux de Paris, elle aura l'opportunité de rejoindre la gymnaste ayant décroché le plus de médailles d'or olympiques (neuf), Larissa Latynina (pour un total de 18 médailles aux JO), avec trois finales individuelles au saut (samedi) et à la poutre et au sol (lundi).