Des souvenirs au parfum d'insouciance : quand Stone se souvient de ses années au Golf Drouot
Après une carrière bien remplie qui l’a vu, aux côtés d’Éric Charden, enchaîner les tubes dans les années 70 (L’avventura, Il y a du soleil sur la France, Made in Normandie), Stone coule des jours heureux à Commentry. Entourée de ses enfants et de ses petits-enfants, elle profite d’une retraite bien méritée et d’un moment de calme pour évoquer les plus belles heures d’une jeunesse enchantée.
Celle que la chanteuse a vécue en arrivant à Paris en 1965. "À l’époque, je travaillais à Roubaix chez Eram comme vendeuse de chaussures. Je n’avais pas encore 21 ans, l’âge de la majorité et j’ai suivi mon père qui travaillait à la SNCF et qui après avoir électrifié les voies ferrées du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme, a été muté dans la capitale", se souvient Stone.
SLC... Salut les copains !En posant ses valises à Paris, la jeune femme ne pense qu’à une chose : se rendre au Golf Drouot. "J’étais, comme beaucoup de jeunes, abonnée à la revue Salut les copains. Je lisais régulièrement les articles qui racontaient que, la veille, on y avait vu telle vedette. Et je me disais : quelle chance !".
Bravant les consignes de son père, "il me surveillait de près" reconnaît Stone, la future chanteuse finit par franchir les portes du lieu magique aux yeux de toute une génération. "Le Golf Drouot (à l’origine, le lieu disposait d’un mini-golf à neuf trous, NDLR) ressemblait à un appartement. On montait un escalier. À gauche, il y avait un coin bar avec quelques chaises et des tables. À droite, il y avait une petite scène où les artistes en devenir se produisaient. Cela faisait peut-être 100m². Pour un endroit comme cela, ce n’était pas grand mais c’était sympathique".
Johnny et EddyC’est dans ce lieu mythique remis au goût du jour cet été par le MuPop que Sylvie Vartan, Johnny Hallyday ou encore Eddy Mitchell et ses Chaussettes noires ont fait leurs premières apparitions. Stone ne les a jamais vus sur la scène du Golf. "Mon père était très à cheval sur les sorties. La plupart du temps, j’y allais l’après-midi pour boire un soda et discuter avec les gens qui étaient là. Il y avait toujours une bonne ambiance".
À l’occasion, Stone croise des artistes qui ont connu une gloire éphémère. "Les premiers que j’ai rencontrés, c’était Cédric et Cléo, un duo qui venait de signer au sein de la maison de disques Vogue. Et ce qui est drôle, c’est que Cléo est devenue par la suite la femme d’Herbert Léonard".
1981, la fin d'une aventureMario d’Alba qui est devenu en 1980 le mari de Stone a également fréquenté le Golf Drouot. "J’ai enregistré mon premier disque en 1966 et le Golf était l’endroit où il fallait se faire remarquer. Toutes les stars des années soixante ont chanté là-bas". Et Mario d’Alba d’insister : "On ne se rend pas compte mais, en France, dans ces années-là, on répertoriait 25.000 groupes de rock".
Une effervescence que l’on doit à un homme : Henri Leproux, le créateur du Golf Drouot. « Il faisait partie des Bruno Coquatrix, ces patrons de boîtes et de music-hall qui étaient de vrais passionnés. Des précurseurs toujours prêts à aider les jeunes artistes qui faisaient du rock parce qu’à l’époque, les cabarets parisiens étaient surtout réservés aux chanteurs traditionnels et aux musiciens de jazz », explique Stone. "Par la suite, nous sommes devenus amis et lorsque j’y suis retournée alors que je commençais à percer dans le métier, il m’accueillait à chaque fois les bras ouverts". Derniers instants de complicité avant la fermeture définitive du Golf le 22 novembre 1981. La fin d’une époque…
Martial Delecluse