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Июль
2024

"Les moins de 30 ans connaissent moins bien les enjeux climatiques que leurs ainés", selon la Fondation Jean Jaurès

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Malgré l'urgence climatique, la question du changement climatique a été reléguée à l'arrière-plan lors des récentes élections européennes et législatives. "Quand on interroge les Européens sur leurs sujets de préoccupation pendant les élections, ils disent qu'ils sont avant tout préoccupés par la santé et la guerre", indique Anne-Laure Gallay,  directrice du département opinion de BVA, coauteure avec Adélaïde Zulfikarpasic, directrice générale de BVA Xsight, d'une enquête sur "les Européens et leur connaissance du changement climatique" réalisée pour la Fondation Jean Jaurès.  Sondés le 9 juin dernier, les Français n’ont placé l’environnement qu’au septième rang de leurs préoccupations, derrière notamment le pouvoir d’achat, la sécurité, la santé ou encore le terrorisme.

Plusieurs facteurs expliquent cette relégation au second plan de la question climatique. "Les individus sont sans cesse mis en tension entre le présent et le futur, l'intérêt personnel et l'intérêt collectif," souligne Anne-Laure Gallay. 

C'est vrai qu'aujourd'hui le pouvoir d'achat s'inscrit dans cette temporalité immédiate individuelle alors que le changement climatique s'inscrit dans une temporalité plus longue qui peut apparaître plus secondaire.

De plus, il existe une certaine défiance envers la manière dont la transition écologique est menée. "On sait qu'il faut faire des efforts pour le climat, ça demande de revoir son mode de vie et on peut avoir l'impression qu'on nous en demande beaucoup, ce qui peut générer une lassitude," résume Anne-Laure Gallay. 

Au sein de l’Union européenne, des lignes de fracture 

Adélaïde Zulfikarpasic, directrice générale de BVA Xsight, et Anne-Laure Gallay, directrice du département Opinion de l’institut, ont mesuré la connaissance qu’ont les citoyens européens du changement climatique grâce à l’indice de connaissance développé et mesuré dans cette sixième édition de l’enquête Climat réalisée pour la Banque européenne d’investissement (BEI). 

Leur enquête révèle que les citoyens européens obtiennent une note moyenne de 6,37 sur 10 en termes de connaissance du changement climatique. "Cela peut paraître peu élevé, mais il faut noter que le pays le mieux noté, la Finlande, n'obtient qu'un score de 7,22". L'Europe se situe donc au milieu du classement mondial, devancée par des pays comme le Canada, le Royaume-Uni et la Corée.

La France, quant à elle, se situe juste au-dessus de la moyenne européenne, à la 15e place. "Il y a une fracture entre les pays du Nord, comme la Finlande, la Suède et le Danemark, qui ont des scores plus élevés, et les pays d'Europe du Sud, comme l'Italie et l'Espagne, qui sont moins bien notés". Cette différence peut s'expliquer par le fait que les pays du Nord ont entrepris leur transition écologique beaucoup plus tôt et ont mis en place des politiques publiques fortes en faveur de l'environnement.

Des connaissances moins solides chez les jeunes

Une des surprises de l'étude est que les jeunes générations, souvent perçues comme fer de lance du combat pour le climat, réussissent moins bien le test de connaissances que leurs aînés. "Les moins de 30 ans connaissent beaucoup moins bien les enjeux climatiques que leurs aînés. Ils ont des opinions fortes sur le climat, mais manquent de connaissances et d'actions concrètes pour le combattre."

Anne-Laure Gallay note que cette génération est très engagée sur le plan des principes, mais éprouve des difficultés à passer aux actes. "Ils ont du mal à renoncer à certains aspects de leur consommation, comme prendre l'avion ou limiter le streaming."

Plus de pédagogie

L'étude met enfin en lumière un écart entre la connaissance des causes et des conséquences du changement climatique et celle des solutions. "Les citoyens sont plutôt bons connaisseurs des causes et des conséquences du changement climatique, mais ils connaissent mal les solutions à mettre en place à leur niveau (...) Aujourd'hui, les citoyens ne sont pas assez outillés pour prendre les bonnes actions contre le changement climatique. Cette étude vise à identifier les dimensions nécessitant un accompagnement pour améliorer le niveau de connaissance et permettre aux citoyens de prendre des actions efficaces à leur niveau."

Nicolas Faucon