Que devient l'ancienne cité ouvrière de Châtel-Guyon ?
Titanesque, mais nécessaire. La réhabilitation de l’ancienne cité ouvrière de Châtel-Guyon, délaissée depuis de nombreuses années, va bientôt retrouver sa fonction première. Construite au début du XXe siècle, elle avait vocation à "loger les employés des thermes", comme l’explique Danielle Faure-Imbert, première adjointe à la Ville en charge du thermalisme, du tourisme et du patrimoine.
"En 1882, l’établissement thermal Henry ouvre ses portes à Châtel-Guyon.Pour loger les employés, la cité ouvrière est bâtie en 1907 ou 1908.Elle est alors propriété de la Société des eaux minérales Chaussemiche." Mais en 1976,avec le déclin du thermalisme, elle se vide de ses habitants et sert, dès lors, essentiellement comme lieu de stockage.
Réhabilitation de l'ancienne cité ouvrière à Châtel-Guyon. Ici, la façade avant travaux.
Rachetée en mai 2023 par un promoteur immobilierCondamné à la fermeture définitive, en 2008, l’établissement thermal est acquis l’année suivante par la Société d’économie mixte (SEM) Châtel développement qui reprend, dans le même temps, l’ensemble du patrimoine thermal local.La cité ouvrière est quant à elle vendue par la Société des eaux minérales à la Société française de casino, "la seule intéressée", de l’aveu de Danielle Faure-Imbert.
Quelques années plus tard, les efforts fournis par la municipalité pour "sauver le thermalisme" finissent par porter leurs fruits, avec un nombre de curistes grandissant. Alors que France Thermes avait pris le relais, sous location gérance de la SEM, la Ville devient finalement propriétaire des lieux en 2020. Le cas de la cité ouvrière est encore en suspend jusqu’à son rachat, en mai 2023, par un promoteur privé qui engage un programme de réhabilitation. Celui-ci se découpera comme suit : 43 appartements, un local commercial, 11 garages, 10 stationnements et 15 caves. Deux tiers des appartements ont d’ores et déjà été revendus et l’ensemble partagé en trois copropriétés : A ; B et C, avec des entrées distinctes et une part de logements conventionnés aux loyers encadrés dans les bâtiments A et C.
Réhabilitation de l'ancienne cité ouvrière à Châtel-Guyon. Partie en cours de travaux.
"La cité ouvrière est une valeur sûre, un atout pour la ville"Antoine Motte est l’un des trois copropriétaires. Il possède 14 logements conventionnés, du T2 au T4. "La cité ouvrière est une valeur sûre.Un atout pour la ville." Son investissement entre dans le cadre du dispositif Loc’avantages encourageant les propriétaires à louer à des tarifs abordables,en contrepartie de réductions d’impôts et d’aides financières aux travaux.Les loyers plafonnés, fixés par l’État, se basent en partie sur les revenus du locataire. Ici, "315 € pour un appartement conventionné de 35 mètres carréset 500 € pour 70 mètres carrés. Cela représente un effort d’investissement pendant six ans", estime Antoine Motte.
"À Riom Limagne et Volcans (RLV), nous apportons une aide financière aux propriétaires, en corrélation avec l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) et un autre type d’aide aux propriétaires bailleurs pour des projets de renouvellement urbain", explique Éliane Chassang-Gignac, responsable de l’habitat à RLV.
Réhabilitation de l'ancienne cité ouvrière à Châtel-Guyon. Partie rénovée.
"Cette réhabilitation du bâti existant s’inscrit dans l’objectif zéro artificialisation nette engagé par l’État."
Aussi, dans les communes telles que Châtel-Guyon, de plus de 6.000 habitants, une part de logements conventionnés est obligatoire dans le cadre de la loi SRU*. Un objectif non rempli pour l’heure et même "une folie pour Châtel-Guyon, car nous n’avons plus beaucoup d’hôtels et autres bâtiments disponibles", d’après Danielle Faure-Imbert. "Sur une partie de son projet – d’un coût total de 840.000 € – Antoine Motte a reçu 130.000 € de subventions de la part de RLV, tandis que l’ANAH lui a versé près de 228.000 €, indique la responsable habitat de RLV.Des aides conséquentes, mais malgré cela beaucoup d’investisseurs redoutent de se lancer."
De nouveaux habitants d'ici trois moisDans le cas de l’ancienne cité ouvrière, le chantier a tout de même avancé rapidement. Ce qui s’explique, notamment, par la volonté de "chaque propriétaire de faire appel à ses propres équipes d’artisans locaux", selon Antoine Motte. Ainsi, après le ravalement total de la façade et la pose de nouvelles fenêtres, c’est toute l’isolation qui a été remise aux normes. Des mois de travaux qui trouvent, en partie aujourd’hui, leur résolution.
Réhabilitation de l'ancienne cité ouvrière à Châtel-Guyon. Partie rénovée.
"Réinvestir dans l’habitat", "revitaliser le centre-ville", autant d’éléments qui entrent dans la réalisation de ce projet qui permettront, d’ici trois mois, d’accueillir les premiers locataires de l’ensemble. "Châtel-Guyon est une ville agréable,il y règne un art de vivre, une certaine qualité de vie", a souligné Antoine Motte.Ce que pourront expérimenter, dans quelques semaines, les nouveaux habitants de l’ancienne cité ouvrière.
(*) Loi Solidarité et renouvellement urbain du 13 décembre 2000.
Chloé Goigoux