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2024

Puy-de-Dôme : après le "service", la nourrice doit payer l'addition...

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Lorsque les policiers interviennent pour une rixe dans le quartier de La Gauthière, à Clermont-Ferrand, vers 5 heures du matin, le 29 juillet 2023, ils découvrent un homme dont le visage présente de multiples traces de blessures.

Il affirme alors avoir été molesté par un groupe de jeunes, dont certains sont encore sur place. Parmi eux, Sofiane Belil, 25 ans, un habitant du quartier, qui reconnaît l’avoir frappé deux fois au visage, alors que la « victime » (par ailleurs porteuse de deux armes blanches) s’en prenait violemment à sa compagne, en pleine rue.

Des munitions d'arme de guerre dans le sac à dos

"On voulait juste défendre cette femme et j’ai vu rouge quand il m’a menacé avec son couteau", avait admis sans difficulté le jeune homme, alcoolisé au moment des faits. Mais ces "violences aggravées" (par la réunion et l’état d’ivresse) allaient rapidement passer au second plan…

En effet, lors de la fouille du sac à dos de Sofiane Belil, les policiers découvrent une quarantaine de munitions de calibre 7,62 (celui notamment utilisé pour approvisionner les kalachnikov).

Il n’en faut pas plus pour les inciter à perquisitionner le domicile de la mère du jeune homme, où il lui arrivait encore de résider. Si l’appartement ne dévoile rien de suspect, la cave livre, en revanche, de passionnants secrets : les enquêteurs y découvrent plus de six kilos de cannabis (herbe et résine, conditionnées de diverses façons, pour une valeur marchande de 30.000 à 35.000 euros), 3.270 euros en liquide, mais aussi près de 250 munitions de calibres 7,62 et 9 mm, un gilet « police » et une mallette ayant contenu une arme de poing. Sans oublier tout l’attirail du parfait petit trafiquant…

Un juge d'instruction avait été saisi

L’importance de cette découverte débouche sur l’ouverture d’une information judiciaire et le placement de Sofiane Belil en détention provisoire, deux jours plus tard. Le magistrat instructeur avait finalement décidé, en février dernier, de son renvoi devant le tribunal correctionnel.

Ce mercredi 25 juillet, le jeune homme, qui comparaissait détenu, a maintenu sa ligne de défense initiale : "Je ne suis qu’un simple consommateur et j’ai juste voulu rendre service quand on m’a demandé de stocker tout ça dans la cave pour trois jours, sans vraiment regarder ce que c’était".

"Je n’ai pas été rémunéré pour ça et ma faiblesse, c’est de ne pas savoir dire “non”", a-t-il ajouté, la tête basse.

"Comment voyez-vous votre avenir ?", l’interroge la présidente, Anne David.

"Je voudrais juste revenir à ma vie d’avant, celle de 2022, où tout allait bien", confesse-t-il.

"J’ai de sérieux doutes sur le sérieux des explications de Sofiane Belil, a ensuite tranché le procureur de la République, Bruno Fauh. Une nourrice ne garde que du stup, jamais de l’argent ou du matériel lié au trafic. Lui faisait partie intégrante de ce réseau". Déplorant que le prévenu "a ignoré tous les avertissements que la justice a pu lui donner", il a requis six ans de prison ferme.

Condamné à trois ans de prison ferme

Me Zakia Boudad-Lacroix, en défense, a voulu esquisser un autre profil de son client, "que l’on tente de faire passer pour un gros trafiquant, alors qu’il a agi avec le plus grand amateurisme". "Rien, dans ce dossier, ne le relie à ce trafic. Qu’il ait détenu des stups, d’accord. Mais il n’a rien à voir avec de l’offre ou de la cession".

Pointant "les fantasmes et les suppositions entourant ce dossier", elle a plaidé pour une peine "intelligente et pédagogique, bien loin des six ans réclamés par le parquet".

Sofiane Belil a été condamné à quatre ans de prison, dont un assorti d’un sursis probatoire pendant deux ans. Il a été maintenu en détention.

Christian Lefèvre