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Июль
2024

Marc Guillaume, préfet d’Ile-de-France : "C’est une grande fierté d'avoir ressuscité la Seine"

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Sourire soulagé, courtoisie de grand commis. Marc Guillaume, le préfet de la région Ile-de-France, nous accueille en costume de ville à quelques jours du début des Jeux olympiques. Grand bureau avec vue panoramique sur la Seine. Il va justement en être question. Le 17 juillet, le haut fonctionnaire s’y est immergé, avec Anne Hidalgo et Tony Estanguet. La preuve par l’exemple que le fleuve est désormais propice à la baignade. Bientôt, le public pourra lui aussi barboter. Issue heureuse d’un combat mené depuis sept ans par le préfet qui garde comme un trophée la couverture du magazine américain Time titré "Saving the Seine", [NDLR : la Seine ressuscitée]. Les JO ont l’art de rendre envisageable ce qui semblait impossible. En coulisses, Marc Guillaume tente de profiter de la compétition pour faire avancer les dossiers les plus embrouillés. A rebours de ceux qui évoquent un "nettoyage social" dans Paris, il revendique plus d’une centaine de mises à l’abri de SDF.

L'Express : La Seine est désormais baignable certains jours. Le restera-t-elle après les Jeux olympiques ou n’était-ce qu’un exploit éphémère, le temps de la compétition ?

Marc Guillaume : La Seine restera baignable l’été. Il y a des conditions. Le fleuve ne sera pas forcément baignable tous les jours, ce sera comme en bord de mer quand vous avez un drapeau rouge. Il ne sera probablement pas baignable les jours suivants de violents orages, tout simplement parce que les infrastructures que nous utilisons peuvent stocker seulement une certaine quantité d’eau. Mais dans des conditions estivales dites "normales", tout le monde pourra se baigner dans la Seine dès l’été 2025. C’est une grande fierté, de l’avoir ressuscitée. Les trois points de baignade que nous avons d’ores et déjà retenus dans Paris, avec la mairie, sont situés au niveau du bras Marie (IVe arrondissement) en face de l’île Saint-Louis côté rive droite, au bras de Grenelle (XVe) entre le port de Grenelle et les rives de l’île au Cygnes, et à Bercy (XIIe) en face de la Bibliothèque nationale de France. Il devrait y en avoir beaucoup d’autres, notamment dans le Val-de-Marne, où de nombreux maires sont très engagés en ce sens, et en Seine-Saint-Denis.

Comment rassurer les habitants qui, malgré vos annonces, craignent d’être malades après avoir plongé dans la Seine ?

On peut rappeler le travail de fond accompli depuis 2017 pour parvenir à ce résultat, qui aura coûté 1,4 milliard d’euros d’investissement, dont 700 millions de l’Etat. En 2017, on s’est dit qu’il fallait qu’on mène à bien deux tiers des actions de dépollution envisagées pour que la Seine soit baignable. On a réussi à accomplir 75 % de ces actions. On a mis aux normes nos deux unités de désinfection des stations d’épuration des eaux, on a construit cinq infrastructures pour retenir l’eau, dont le bassin d’Austerlitz. On a aussi modernisé près de 10 000 canalisations : ce n’était pas le cas auparavant mais désormais, les canalisations des eaux pluviales et des eaux usées sont strictement séparées. Seules les eaux pluviales sont ensuite rejetées dans la Seine.

Dans les Yvelines, par exemple, la Seine ne sera pas baignable dans l’immédiat. Pourquoi ?

En vue des Jeux olympiques, nous nous sommes concentrés sur Paris et les départements situés en amont. Dans les départements situés en aval, les travaux de dépollution restent en cours. Ils se poursuivront, c’est un projet que l’Etat soutient.

Plusieurs associations affirment que l’organisation des JO donne lieu à un "nettoyage social" dans Paris. Que leur répondez-vous ?

Cela n’a aucun sens. J’ai posé un principe : que toutes les personnes sans abri déplacées à l’occasion des Jeux olympiques, parce qu’elles ont l’habitude de dormir sur un lieu d’épreuves, pour être clair, soient relogées. C’est normal, c’est nous qui leur demandons de faire de la place. Pour les convaincre, c’est un travail difficile, que l’on mène avec des associations. Certains disent non, ils préfèrent aller dormir ailleurs dans la rue. Mais nous rencontrons de beaux succès. A Paris, on a dégagé plus de 200 places et une quarantaine de places en banlieue. Plus de 130 grands marginaux ont déjà été relogés dans des appartements. Nous payons les loyers auprès des bailleurs sociaux. L’objectif, c’est qu’ils conservent ensuite ces logements. Grâce à Paris 2024, nous les aurons sortis de la rue. Ce sera l’héritage social des Jeux olympiques.