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Июль
2024

Migration clandestine en Tunisie : 80% des migrants tentent de gagner l’Italie

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«Des corps repêchés», «une embarcation [ayant] sombré», «naufrage de migrants» : la crise migratoire défraie toujours la chronique en Tunisie. Exposée ce 23 juillet lors d’un point de presse, l’enquête du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a mis en lumière la situation de 379 migrants originaires de 23 pays africains, dans trois gouvernorats, à savoir Tunis, Sfax et Médenine.

Près de 80% des migrants interrogés par le FTDES disent aspirer à une vie meilleure en Italie. Cette donnée, issue de leur étude réalisée entre mars et mai dernier, démontre les attentes ainsi que les difficultés auxquelles les candidats à la migration clandestine en Tunisie sont confrontés.

Cette étude de terrain révèle les itinéraires empruntés, les conditions de séjour en Tunisie, l’accès aux droits fondamentaux, les relations sociales et les interactions avec les institutions et la société civile.

Fuir la pauvreté, l’insécurité et l’oppression

Le FTDES, précisant qu’il s’agit de résultats préliminaires, a mis en exergue la diversité des profils sondés. «L’échantillon [du sondage] était constitué de 72,1% d’hommes et de 26,9% de femmes, 64% étaient âgés de 18 à 28 ans, 5% étaient mineurs. La moyenne d’âge était de 26 ans», a fait savoir le porte-parole du FTDES, Romdhane Ben Amor.

Le Soudan arrive en tête des pays d’origine (14,2%), suivi de la Guinée Conakry, de la Mauritanie, de l’Éthiopie et de l’Égypte, 62,8% des personnes interrogées étant des migrants irréguliers, tandis que 25% sont des demandeurs d’asile, d’après les données communiquées par l’ONG.

Le porte-parole du Forum a également mis en avant les multiples motivations des exilés. Fuir les régimes oppressifs (66%) et les conditions climatiques sévères (54%) figurent parmi les principales raisons évoquées.

«Plus de 60% des migrants ont franchi la frontière tunisienne par voie terrestre en provenance d’Algérie, tandis que 23% sont arrivés par la Libye», a-t-il souligné.

SDF au chômage

L'île italienne de Lampedusa est à moins de 150 kilomètres de plusieurs villes côtières en Tunisie, ce qui «séduit» les candidats à l’immigration, les incitant à tenter de franchir illégalement les frontières tunisiennes vers l’Italie. Les chiffres dévoilés par l’ONG en sont la preuve.

«79,2% des migrants questionnés expriment ce désir [gagner l’Italie], tandis que 42% aspirent à un retour dans leur pays d’origine», a précisé Romdhane Ben Amor.

Le rapport du Forum a également démontré que 75 % des personnes interrogées avaient été «contraintes à changer de domicile à plusieurs reprises au cours de l’année précédente, afin d’éviter l’insécurité». La violence des habitants des régions où elles s’étaient installées a aussi été évoquée. «Plus de la moitié des migrants consultés vivent dans des conditions précaires et indignes (rues, parcs, tentes, en plein air, etc.)», a noté Romdhane Ben Amor.

Le Forum plaide pour un «vivre-ensemble harmonieux»

Les migrants interviewés estiment, d’après ce sondage, que «les Tunisiens ne seraient pas en faveur d’une régularisation massive de la situation, citant la manipulation de l’information, la situation économique fragile du pays ainsi que le racisme».

L’étude du FTDES met en évidence la nécessité d’agir au plus vite pour «une gestion plus humaine et solidaire des migrations en Tunisie», a souligné Romdhane Ben Amor, avant le conclure : «L’amélioration de leurs conditions de vie, la lutte contre les violences et la discrimination ainsi que la promotion d’une information juste et inclusive sont des étapes cruciales pour un vivre-ensemble harmonieux et respectueux des droits fondamentaux.»

La Tunisie, l'un des principaux points de départ des migrants qui risquent la périlleuse traversée clandestine de la Méditerranée dans l'espoir de rejoindre l'Europe, est confrontée depuis des mois à une crise migratoire sur son sol. Les autorités maritimes tunisiennes ont indiqué en juin dernier avoir «réussi à secourir 30 281 individus depuis janvier dernier», 21 652 migrants ayant été sauvés au cours de la même période de l'année 2023.