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Июль
2024

[Que relire cet été ?] “Corto Maltese”, “Dragon Ball”, “Hellboy”, 3 rééditions qui donnent envie d’aventure

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“Ah ! Corto Maltese, pourquoi fais-tu toujours semblant de te désintéresser de ce qui se passe autour de toi ?” Cette question, posée par une magicienne brésilienne, résume bien l’ambiguïté et le charme du personnage créé par Hugo Pratt en 1967. Le dessinateur italien – qui avait titré son autobiographie Le Désir d’être inutile – considérait comme son double ce personnage d’aventurier rêveur qui traverse l’histoire et le monde en choisissant rarement son camp.

Trois copieux recueils en couleurs – La Cour secrète des arcanes, D’une rive l’autre et Suite caraïbéenne – rappellent combien Pratt était en avance sur son temps et l’avènement du roman graphique. Il arrivait régulièrement à l’auteur d’emprunter à la littérature : Songe d’un matin d’hiver convoque Shakespeare pour parler de la Première Guerre mondiale, Le Coup de grâce cite Le Bateau ivre de Rimbaud. Ses délicieuses suites de récits d’aventure construisent une œuvre à la densité toujours impressionnante, captivante comme du Robert Louis Stevenson ou du Jack London. Mais Pratt, lui, mettait en scène des seconds rôles féminins consistants, collant ainsi à nos canons fictionnels modernes, et ses intrigues, pleines de surprises, reflétaient la zone grise de l’âme humaine plutôt que des divisions manichéennes. C’est un bonheur esthétique de se laisser emporter par ce narrateur incomparable au Brésil, à Venise ou en Sibérie.

C’est une autre sorte de tour du monde que réalise l’Américain Mike Mignola avec Hellboy, enquêteur du paranormal à l’apparence démoniaque. Cette anthologie célébrant les trente ans de la série réunit l’origin story de sa créature plus humaine qu’effrayante – Les Germes de la destruction – et une trentaine de récits courts, qui frappent l’imagination comme des nouvelles fantastiques de Poe ou Lovecraft. Mignola s’inspire des folklores et contes du monde entier pour nourrir ses fables horrifiques où, souvent, les cadavres parlent et où les superstitions trouvent toujours leur justification. Ce pavé sombre et parfois drôle se déguste à n’importe quelle heure, même si les lectures nocturnes provoqueront d’irrésistibles frissons.

Au contraire, il n’y aura pas besoin de regarder sous son lit avec Dragon Ball dans les mains. Quelques semaines à peine après la mort de son créateur Akira Toriyama, son œuvre-phare a droit à une réédition en couleurs et en plus grand format. L’occasion de (re)goûter à une saga qui prend racine dans un conte traditionnel chinois, La Pérégrination vers l’Ouest, avant que Toriyama ne prenne la tangente et n’aille vers la science-fiction.

Les premiers tomes de Dragon Ball retracent l’enfance de Son Goku, garçon à la queue de singe et aux aptitudes extraordinaires en matière d’arts martiaux.Quand il croise une jeune fille, Bulma, il part avec elle accomplir une quête : réunir les sept boules de cristal censées exaucer n’importe quel souhait. Avec un humour encore très potache, Toriyama projette ses protagonistes dans une aventure folle à la galerie de personnages et aux coups de théâtre délicieusement absurdes. Publié d’abord dans une revue pour jeunes garçons (Weekly Shōnen Jum), ce manga a acquis les lettres de noblesse d’une épopée loufoque. Vincent Brunner

Corto Maltese – La cour secrète des arcanes, D’une rive l’autre et Suite caraïbéenne d’Hugo Pratt (Casterman), traduit de l’italien par Céline Frigau, respectivement 160 p., 200 p. et 224 p., 18  le volume. En librairie.
Hellboy de Mike Mignola, édition spéciale 30e anniversaire (Delcourt), traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne Capuron et Nick Meylaender, 416 p., 39,95 . En librairie.
Dragon Ball – Full Color – L’enfance de Goku d’Akira Toriyama (Glénat), traduit du japonais par Fédoua Lamodière, 248 p., 14,95 . En librairie.