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Июль
2024

Stéphane Nomis, président de France Judo avant les Jeux olympiques : "On veut réaliser l’exceptionnel"

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De cinq à huit médailles, dont deux titres à chaque fois, lors des trois dernières olympiades : faut-il s’attendre au même bilan à Paris 2024 ?

On estime qu’on peut ramener dix médailles, on le pense vraiment et on n’en doute pas. Les sept filles sont potentiellement médaillables, on peut en obtenir une lors de la compétition par équipe mixte, Teddy aura la sienne et on peut imaginer qu’un des six autres garçons se sublimera pour monter sur le podium. Dix médailles sur quatorze judokas, cela serait énormissime mais on a une équipe de France très très forte. En tout cas, si on fait moins bien qu’à Tokyo (huit médailles dont deux en or), on sera très déçus.

Dix médaillés sur quatorze sélectionnés : ces chiffres font rêver toutes les fédérations…

On n’a pas peur d’afficher haut nos ambitions, on a fait le travail et on pense qu’on va réussir à Paris. Honnêtement, je ne surestime personne. C’est factuel : les filles sont toutes dans le Top 4 mondial (Top 7, en réalité, N.D.L.R.), elles sont médaillées mondiales et olympiques. Notre équipe est régulièrement en finale. Teddy est en très grande forme et je pense que nos jeunes garçons vont se transcender pour obtenir la médaille qu’on n’attend pas. Ce chiffre peut faire peur mais avec tous ces talents, on a envie que tout se passe bien…

Depuis l’échec des JO 2004, avec une seule médaille, le judo français est revenu sur le devant de la scène. Comment l’expliquez-vous ?

Nous sommes implantés sur toute la France avec 5.000 dojos et nous avons une pyramide de la performance avec trente-cinq sports études, vingt-cinq pôles Espoirs, cinq pôles France et l’Insep, la machine à gagner. Aujourd’hui, il nous est quasiment impossible de louper une pépite. Et lorsque nous l’avons, le chemin montré par les aînés qui ont été champions d’Europe, du monde ou olympiques, montre que tout est possible. Clarisse Agbegnenou et Teddy Riner ont des palmarès qui font rêver les gamins. Ils savent que ce rêve est atteignable, que cela sera très dur mais possible. Cela donne des ailes…

Votre réussite, depuis plusieurs olympiades, est-elle liée à ces deux locomotives ?

Oui et non. Restoux, Douillet, Parisi, Deydier, Rougé, etc. Nous avons toujours eu des champions olympiques et du monde. Teddy et Clarisse apportent une médaille chacun à Tokyo mais il y en a cinq autres. Ils ne sont pas seuls. Ils tirent tout le monde vers le haut et, dans l’ombre de nos deux grands champions qui dépassent les frontières du judo, nous avons des multimédaillés.

Vous êtes le premier sport français depuis 2016. Est-ce que vous en tirez une force ?

C’est vraiment une fierté et on assume pleinement ce rôle de leader du sport français. On veut le conserver à l’issue des Jeux. Chez toi, à la maison, t’as envie de te battre deux fois plus pour défendre ton territoire. Nous avons un groupe de judokas qui sera très difficile à battre à Paris. On veut réaliser l’exceptionnel. Même s’il y a l’escrime, la natation ou le cyclisme, on veut rester la Fédération leader des Jeux.

Être leader depuis trois olympiades et annoncer dix médailles : cela ne peut-il pas vous mettre de la pression ? Être un poids ?

Je ne pense pas qu’il y ait de la pression. Nos judokas ont performé lors des trois dernières années. Nous avons tout mis en place pour qu’ils soient forts. La plupart ont déjà fait les JO. Pour les petits jeunes, cela va être plus compliqué car cela va briller autour d’eux. Il faudra qu’ils restent dans leur compétition sinon ils risquent de contre-performer. Pour le reste, je suis serein.

Ces Jeux vont mettre en lumière de nombreuses disciplines dont on parle peu le reste du temps. Souhaitez-vous en profiter ?

Après chaque JO, on gagne 4.000 judokas. Soit un par club. Les jeunes viennent au judo pour les valeurs que cela représente et son code moral : le courage, la discipline, le respect, etc. À Tokyo, nous avons obtenu huit médailles, sans exploser notre nombre de licenciés. Lors de ces Jeux, on veut mettre en avant de beaux champions et donner une belle image du judo avec du respect et de l’humilité. Les valeurs, c’est important en ces temps compliqués.

Vous annoncez dix médailles. Mais combien en or ?

Quatre. Ce n’est pas un pronostic. Nous avons vraiment le potentiel pour le faire. 

Kevin Cao Kevin.cao@centrefrance.com