Candidature de Joe Biden : ce premier (petit) signe d’inflexion
"Je me sens bien", a déclaré Joe Biden, mercredi 17 juillet, à des journalistes au moment de monter dans l’avion présidentiel Air Force One. Alors qu’il était en campagne pour séduire les électeurs hispaniques dans le Nevada, le président démocrate de 81 ans a "été testé positif" au Covid-19, selon un communiqué de la Maison-Blanche. Il est "complètement vacciné", souffre de "symptômes légers" et observera une période d’isolation dans son fief du Delaware pendant laquelle "il continuera à exercer pleinement ses fonctions", a précisé sa porte-parole.
L’annonce de son infection au Covid-19 survient au moment où il joue sa survie politique depuis sa performance désastreuse lors d’un débat, fin juin, face à son rival dans la course à l’élection présidentielle, Donald Trump, ce qui a suscité une vague d’interrogations sur ses capacités physiques et mentales, et la multiplication de demandes de retrait de la part d’élus de son propre parti.
Joe Biden "plus réceptif" aux arguments en faveur de son retrait
Jusqu’à présent, seuls 20 membres de la Chambre des représentants et un sénateur ont publiquement demandé au président de se retirer de la course à l’élection présidentielle de novembre. "Mais en privé, beaucoup d’autres ont exprimé de profondes inquiétudes", affirme le quotidien américain The New York Times.
Selon des témoignages recueillis par le journal, "le président Biden est devenu plus réceptif au cours des derniers jours à l’écoute d’arguments expliquant pourquoi il devrait abandonner sa candidature à la réélection". S’il n’a pas manifesté pour autant l’intention de se retirer, "il s’est montré disposé à écouter les résultats de nouveaux sondages inquiétants et a posé des questions sur la manière dont la vice-présidente Kamala Harris pourrait l’emporter", selon ces témoins démocrates.
Kamala Harris est considérée comme la favorite en cas de retrait de Biden. Selon un dernier sondage de l’Associated Press et NORC, un institut de recherche indépendant de l’université de Chicago, près de deux tiers des démocrates souhaiteraient que Joe Biden jette l’éponge après son débat désastreux contre Donald Trump.
Interrogé mardi par le média BET, le président-candidat de 81 ans a rappelé qu’il n’avait pas l’intention de quitter la course. Mais à la question de ce qui pourrait le faire réfléchir à jeter l’éponge, il a répondu : "Si j’avais un problème médical qui apparaissait, si quelqu’un, des médecins venaient me voir et me disaient : 'vous avez tel problème'". C’est la première fois que Joe Biden entrouvre la porte à l’idée d’abandonner sa campagne, alors que plusieurs grands donateurs font défection.
@lexpress Trois jours après avoir échappé à une tentative d'assassinat, Donald Trump a été officiellement investi, lors de la convention républicaine, comme le candidat du parti et a annoncé son choix pour la vice-présidence. #USA #Trump #elections2024 #sinformersurtiktok #apprendresurtiktok
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Adam Schiff lui demande de "passer le flambeau"
Si la tentative d’assassinat contre Donald Trump, samedi, lui avait accordé un petit répit, les appels à un retrait ont repris mercredi avec l’influent élu démocrate de Californie, Adam Schiff. Joe Biden "a été l’un des présidents les plus importants de l’histoire de notre pays […]", a-t-il affirmé dans un communiqué au Los Angeles Times. "Mais notre nation est à la croisée des chemins […]. Une deuxième présidence Trump saperait les fondements mêmes de notre démocratie, et j’ai de sérieuses inquiétudes quant à la capacité du président à vaincre Donald Trump en novembre", a-t-il ajouté. Si "le choix de se retirer de la campagne appartient à Joe Biden", l’élu estime qu’il est temps, pour le président de 81 ans, de "passer le flambeau".
Selon ABC News, le puissant chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a aussi "vigoureusement fait valoir qu’il serait préférable pour Biden, pour le Parti démocrate et pour le pays qu’il se retire". Son équipe n’a pas vraiment démenti, qualifiant toutefois cette information de "pure spéculation", '"à moins que la source d’ABC ne soit le sénateur Chuck Schumer ou le président Joe Biden".
Le New York Times et le Washington Post ont, eux, évoqué des entretiens entre Joe Biden et Chuck Schumer, mais aussi avec le chef de file des élus de son parti à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, au cours desquels ils auraient fait part des "inquiétudes dans leurs rangs quant à la possibilité que Biden ne les prive d’une majorité". Un porte-parole de la Maison Blanche a réagi auprès de l’AFP affirmant que le président avait "dit aux deux responsables qu’il était le candidat du Parti démocrate" et qu’il prévoyait de "gagner, attendant avec impatience de pouvoir travailler" avec eux.
Dans ce contexte tendu, des responsables du Parti démocrate ont annoncé mercredi leur volonté d’accélérer le processus de nomination avec un système de vote anticipé dont les modalités restent à définir. Le système permettrait de voter virtuellement durant la première semaine d’août, plutôt que d’attendre la Convention démocrate qui débute à Chicago le 19 août, et lors de laquelle le candidat doit officiellement être investi pour la présidentielle du 5 novembre.
Certains démocrates ont vivement critiqué ce projet, jugeant qu’il s’agissait d’une façon de faire passer en force la candidature de Joe Biden, malgré les doutes sur son aptitude et sans discussion sur les possibles alternatives.