Devant le tribunal de commerce d'Orléans, les salariés de Duralex attendent : "On espère le moins de casse sociale possible"
"On espère qu’il y aura le moins de casse sociale possible."
Les mêmes mots, les mêmes attentes dans les propos de Mickaël, Emina, Damien, Alexis. Tous sont salariés de Duralex, la verrerie historique de La Chapelle-Saint-Mesmin.
En début d’après-midi, présents devant le tribunal d’Orleans, ils étaient unanimes. Leur avenir et "celui de 130 familles" suspendu à la décision du tribunal de commerce d’Orléans. Pierre, un retraité de l’entreprise parti il y a cinq ans, a passé quarante ans dans l’entreprise "comme cela se faisait chez Duralex, c’est mon père qui m’a fait rentrer. Il y a travaillé plus de trente ans. Ça me fait mal pour les copains. C’est un emblème à Orléans. On a été jusqu’à 900 salariés."
Une audience très longueLors de l’audience, qui a débuté à 15 h 30, les dirigeants actuels de l’entreprise New Duralex International étaient présents et ont fait le point. Puis, les trois candidats à la reprise ont été entendus à la barre. Adrien Tourres de la holding Tourres et Compagnie a présenté leur projet en premier et ce pendant près de deux heures. Le groupe est à la tête de deux verreries.
"Nous avons expliqué notre projet de reprise et comment remédier aux problèmes de l’entreprise", a indiqué le dirigeant après son audience.
"On garderait 183 personnes sur les 228 employés""Avec beaucoup de questions d’ordre pratique. Le tribunal a eu des réponses satisfaisantes pour délibérer sereinement. Nous sommes propriétaires d’une entreprise, La Rochère, qui a le même savoir-faire, des verres de table. La seule différence est qu’on a une dynamique commerciale avec des nouveautés régulières. Duralex est en panne de création, ils n’ont rien sorti depuis 2018. Est-ce que vous en connaissez beaucoup des entreprises qui ne proposent aucune nouveauté ? Il faut redynamiser cette entreprise, qui a un savoir-faire, des salariés et un outil exceptionnels."
En ajoutant : "Nous sommes solvables financièrement, on a la confiance des banques françaises. On fait le même métier. Il y a mieux à faire pour Duralex."
Le groupe a réévalué ses positions quant au nombre de salariés qui seront maintenus si leur offre est retenu, "on garde le savoir-faire en gros tous les verriers et on garderait 183 personnes" sur les 228 employés actuels.
Confiants sur le projet de ScopPendant leur audition, l’ambiance dans le hall du tribunal d’Orléans était partagée entre impatience et mesure de l’enjeu. Les représentants du projet de Scop, porté par le directeur du site François Marciano, étaient nombreux, avec des salariés, leurs conseils et des élus. Serge Grouard, le maire d’Orléans, et François Bonneau, le président de la Région Centre-Val de Loire, étaient présents pour s’exprimer devant le tribunal.
"Dans ce dossier, le contexte est particulier, avec un soutien politique et une mobilisation médiatique qu’on ne voit pas tout le temps", précisait le conseil de la Scop. Avant leur présentation, François Marciano se déclarait serein. "Avec toute l’équipe, on maîtrise à 100 % le sujet. Les autres sont à côté de la plaque. Sur un marché de plusieurs millions d’euros, on représente 1 %, on veut aller chercher 2 %, avec de nouvelles gammes de gobelets. On veut relancer la conserverie et avec des boîtes étanches. Et il faut mettre du Duralex dans les magasins."
C’est lui qui a initié le projet de Scop, se mettant ainsi en porte-à-faux face à New Duralex international. "Je me suis posé la question de créer une société avec des investisseurs. Mais, cette boîte, à chaque fois, a été pillée. La Scop est le seul moyen de protéger les salariés sur le long terme. Avec ce statut, cela ne peut être vendu. Tout le monde est derrière la Scop."
C’est très solennellement, devant les caméras et photographes, que la délégation est entrée dans la salle d’audience vers 18 heures.
Troisième offre : "la plus réaliste financièrement" ?Le tribunal doit ensuite entendre la proposition soutenue par Jonathan Carlesimo : "Ce n’est pas l’offre la plus sexy, mais c’est la plus réaliste financièrement. Il faut revoir la structure, pas mettre des millions encore. Il faut que ce soit pérenne." Avec son avocat, il précise que l’offre qu’ils proposent, qui était de garder 75 salariés, a été réévaluée à 125.
"La masse salariale n’est pas en adéquation avec le chiffre d’affaires. Duralex n’est plus une grosse boîte, c’est une PME. Il faut la gérer comme telle".
Le groupe est spécialisé dans la reprise d’entreprises en difficulté dans le secteur industriel. On produit des déchets de verre qui peuvent être revalorisés dans la verrerie" souligne-t-il.
Une décision sans doute plus tardSi les acteurs étaient impatients de connaître la décision du tribunal, les avocats spécialisés misaient plutôt sur un délibéré rendu ultérieurement. Pour Serge Grouard, maire d’Orléans et président de la Métropole, qui s’engage à racheter le terrain si le projet de Scop est retenu, "il faut une décision rapide pour les salariés, pour les clients. Cette période d’instabilité doit se terminer pour montrer que l’entreprise tourne."
Cindy Roudier-Valaud