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Июль
2024

La roue lunaire pour la NASA : un défi immense pour les équipes de recherche de Michelin

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« Je suis depuis treize ans chez Michelin et c’est le projet le plus exaltant auquel j’ai participé. » Julien Souquières a l’œil qui pétille quand il évoque son rôle dans le développement d’une roue lunaire. Il est ingénieur en matériaux en charge des tests pour ce projet. Ceux menés sur l’ancienne piste de sable auparavant dévolue aux essais de pneus agricoles, à Ladoux, ou au volcan de Lemptégy.

Dans les deux cas, il pilote le buggy basique, bardé de capteurs, que les équipes de Michelin ont spécialement conçu pour ce projet. « Le buggy est un mulet qui n’a rien à voir avec ce que sera le rover lunaire, mais il nous permet d’évaluer le comportement de la roue. »Julien Souquières, ingénieur en matériaux en charge des tests pour ce projet. Photo Thierry LindauerLe buggy spécialement conçu pour ce projet est bardé de capteurs. Photo Thierry Lindauer

Julien Souquières supervise aussi les tests d’endurance sur une machine ancienne qui a permis de tester toutes sortes de pneus plus classiques et fait aujourd’hui tourner à l’horizontale la roue bleue qui vise la Lune. Ou encore les essais en cryogénie, afin de tester les comportements d’échantillons de matériaux composites en températures extrêmes comparables à celles en vigueur sur la Lune. « Nous avons mis au point cette machine nous-mêmes, insiste l’ingénieur. Elle a nécessité six mois de développement. »

Des tests cryogéniques similaires devront être menés plus tard, sur des installations spécifiques qui se trouvent aux États-Unis.Tests d'endurance pour le prototype de roue lunaire au centre de recherche et développement du groupe Michelin, à Ladoux. Photo Thierry LindauerTests cryogéniques de matériaux pour le projet de roue lunaire, à Ladoux. Photo Thierry Lindauer 

Ladoux, navire amiral

En attendant, c’est bien à Ladoux, navire amiral du dispositif de recherche de Michelin, où opèrent deux tiers de ses forces impliquées dans l’innovation (6.000 personnes réparties entre les neuf centres de R & D du groupe dans le monde), que se développe le projet de roue lunaire.

« Une équipe d’une dizaine de personnes s’y consacre pleinement, mais nous pouvons nous appuyer sur toute la puissance de recherche de Michelin », souligne Sylvain Barthet, qui supervise le projet. Avec comme axes de travail la robustesse, la longévité, mais aussi la motricité. « Plus que du grip, sur le sol lunaire, il faut de la portance, comme avec des raquettes sur la neige. »Sylvain Barthet, responsable du projet de roue lunaire. Photo Thierry Lindauer

Apprentissage accéléré

D’où ces prototypes bleus aux bandes de roulement larges et lisses. « Mais il y aura bien une sculpture sur la roue définitive, précise encore Sylvain Barthet. Nous y travaillons en parallèle. »

Tout ceci à l’abri des regards, dans les bâtiments de Ladoux, où Michelin s’attaque à un défi immense, pas seulement pour aller rouler sur la Lune. « Pour nous, ajoute le responsable du projet, également directeur du programme Vision, le pneu de demain, c’est un apprentissage en accéléré. Nous travaillons sur les pneus sans air depuis vingt ans. Mais pour cette roue lunaire, avec l’obligation de résoudre des problèmes très différents, nous avons changé notre angle d’attaque ce qui nous permet de progresser encore plus vite. »

Et d’imaginer une suite de l’aventure, de la Lune à la Terre, dans le sillage d’Uptis, le pneu sans air à l’essai en France et à Singapour depuis plus d’un an sur des véhicules utilitaires.

Patrice Campo