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2024

Talent unique et caractère bien trempé, la triathlète Cassandre Beaugrand vise l'or olympique à Paris

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Samedi 20 août 2016, à Rio de Janeiro. Une Française de 19 ans, à la silhouette élancée (1,77 m) entre dans l’eau, sur la célèbre plage de Copacabana. Elle ne porte pas un bikini, mais une trifonction bleu, blanc et rouge sur laquelle est inscrit son nom : Beaugrand.

La jeune Cassandre participe à ses premiers Jeux olympiques. Elle terminera 30e, accompagnée d’une déception. "Je n’ai pas eu l’impression d’être actrice, j’ai eu le sentiment d’être spectatrice tout le long et de ne pas avoir mérité ma sélection", lâchait-elle au micro de Sunday Night Sports.

La triathlète native de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), a longtemps eu du mal à accepter de perdre. "Quand on a été habituée à dominer dans les catégories jeunes, ce n’est pas facile", retrace sa coach de 2015 à 2022, Stéphanie Gros (ex-Déanaz).

Vice-championne du monde et championne d’Europe juniors, la jeune fille était même devenue vice-championne du monde en relais mixte chez les grands avec Audrey Merle, Dorian Coninx et Vincent Luis en 2014, alors qu’elle n’était que cadette. Un talent qui a émergé très tôt, comme une autre de ses caractéristiques : son fort caractère.

"Elle a acquis de la maturité"

"Quand ça part, ça part", ne cache pas Stéphanie Gros. "Il faut être vigilant pour ne pas que ça abîme un groupe." Voilà pourquoi la triathlète s’entraîne parfois seule. "Utiliser l’adversité à l’entraînement, c’est bien, mais c’est aussi épuisant nerveusement. Si elle est sur un bon jour en termes d’énergies, il n’y a aucun problème."

Mais sur les jours où elle est un petit peu plus fatiguée, un petit peu plus sensible, c’est quelque chose qui peut lui faire péter les plombs. Ça dessert la séance et le groupe.

Désormais expérimentée, Cassandre Beaugrand a appris à se canaliser. "Avec l’âge, elle a acquis de la maturité ces dernières années, ce qui fait d’elle une femme extraordinaire", souligne Thierry Angevin, l’un des kinés de l’équipe de France qui la connaît depuis "le début de l’adolescence". "Elle s’est prise en charge. Avant, on avait peut-être l’impression qu’elle suivait le courant, qu’elle se reposait sur ses qualités. Alors que maintenant, elle a un projet, une finalité et elle met les choses en place pour l’atteindre", prolonge-t-il. "Avec le temps, c’est un peu mieux. Mais parfois, ça dérape encore", nuance Stéphanie Gros.

Prise d’envol en Angleterre

Sa force de caractère n’est pas toujours un défaut, cela peut lui servir en compétition. À condition de savoir la contenir. "Avoir de l’ego, c'est important, ça sert en course. Mais c’est toujours un équilibre à trouver entre avoir de l’ego et rester humble. Avoir trop d’ego peut amener à dévaloriser ses adversaires, et à se faire surprendre. Ça peut conduire à être complètement démobilisée ensuite", prévient la responsable de l’équipe de France.

"C’était le piège quand je l’ai récupérée, elle était tellement habituée à être devant, que dès qu’elle ne l’était pas, c’était très compliqué à gérer."

À force de travail, psychologique comme physique, Cassandre Beaugrand s’est donné les moyens de figurer parmi les meilleures chez les seniors. Aujourd’hui, elle joue systématiquement les premiers rôles sur les manches de championnat du monde. Elle a d’ailleurs remporté celle de Cagliari le 25 mai, ce qui lui a permis de valider sa sélection pour les JO. Et a réitéré cette performance samedi 13 juillet à Hambourg.

En 2022, elle a quitté le pôle France de Montpellier pour s’installer en Angleterre, où elle a rejoint son compagnon, le triathlète britannique Hector Pardoe, et changé d’entraîneur. Elle est désormais dirigée par Gavin Smith.

Cassandre Beaugrand a pris son envol, laissant derrière elle son cocon héraultais et Stéphanie Gros, "sa deuxième maman". Une preuve de maturité qui n’attend qu’à être suivie d’une première médaille olympique en individuel.

Ses dates clés 23 mai 1997 Naissance à Livry-Gargan. 2016 Première participation aux Jeux olympiques, à Rio de Janeiro (Brésil). Elle termine 30e. 2021 Médaille de bronze en relais mixte aux JO de Tokyo (Japon), après un abandon sur l’individuel. 2024 Victoire lors de la manche du Championnat du monde de Cagliari (Italie). Elle officialise ainsi sa sélection pour les Jeux olympiques de Paris 2024.

Martin Lhôte