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Июль
2024

"Si on ne parle pas de notre misère…" : Un éleveur puydômois à la retraite témoigne

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Pour cet ancien éleveur de la commune de Mazoires, le quotidien est de plus en plus difficile.

Je n’ai plus que 550 € par mois pour vivre et je sais qu’il y a d’autres personnes comme moi dans nos montagnes. Si on ne parle pas de notre misère, personne ne le saura.

Début 2024, Jean-Pierre Fournier a appris par courrier l’officialisation de son passage à la retraite. Jusqu’ici, rien d’anormal. Si ce n’est l’arrêt des droits de la pension d’invalidité qu’il percevait depuis 2017, et qui lui permettait d’avoir un revenu mensuel déjà modeste de 900 €.

Baisse du pouvoir d'achat... et de moral

Une perte d’argent qu’il n’avait pas anticipé. Alors, il explique "faire attention à la moindre dépense". Après quelques années à tenir le bar restaurant d’Ardes-sur-Couze, Jean-Pierre Fournier ambitionne de reprendre l’activité agricole familiale à la ferme du lieu-dit Grand-Prat. Il a donc élevé avec passion un troupeau d’une soixantaine de vaches salers qui lui avait valu plusieurs récompenses.Jean-Pierre Fournier, ancien éleveur en invalidité à la retraite, avec 550€ par mois.

Mais le destin en a décidé autrement. En 2017, la maladie le frappe. Atteint d’une spondylodiscite (infection des vertèbres causée par des bactéries), le sexagénaire est pris d’intenses douleurs dorsales. Le cœur lourd et dans l’incapacité de continuer, il se voit contraint de se séparer de ses animaux qu’il chérissait.

Le jour où ils sont venus chercher mes vaches, ça m’a démoralisé. Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer. Ce sont mes deux filles qui s’en sont chargées avec des copains

se souvient-il encore ému.

Une situation commune à d'autres agriculteurs

Cet événement l’a marqué profondément. À tel point qu’il a envisagé le pire. "J’ai voulu mourir. Mais j’ai pensé à mes filles, à mes petits-enfants, à ma mère."

La situation décrite par Jean-Pierre Fournier n’est malheureusement pas isolée. Comme le souligne Frédéric Brance, directeur général de la MSA Auvergne :

Au regard de sa situation, il s’est vu attribuer des droits retraite auprès de la MSA, comme le prévoit la règlementation. La cessation d’activité, notamment chez les exploitants agricoles, est un moment important, la question de la transmission peut être chargée d’affect, d’où la nécessité de préparer cette étape.

La retraite agricole au centre des débats

Aujourd’hui, malgré ce nouveau coup dur, l’ancien éleveur veut croire que les choses vont s’arranger et que ces déboires pourront aider d’autres personnes malmenées par la vie. 

Des droits à calculer

"Concernant cet adhérent, des droits retraite restent à calculer, les différents régimes sont en relation afin de régulariser sa situation, rassure la MSA Auvergne par la voix de son directeur. Nous restons vigilants pour éviter toute rupture de paiement dans ce type de situation." En relation avec une assistante sociale et les différents organismes référents (MSA, L’Assurance retraite…), sa situation pourrait cependant s’arranger dans les prochains mois.

La MSA Auvergne indique : "Participer aux côtés des autres régimes de retraite à la semaine des "RDV Retraite". Par ailleurs, à tout moment, les adhérents MSA peuvent demander un rendez-vous pour être accompagnés dans leurs démarches, préparer et anticiper leur passage à la retraite."

David Allignon