Des couteaux créés par de jeunes couteliers à découvrir au musée de la Coutellerie à Thiers
"Valoriser la coutellerie d’art thiernoise et mettre en avant la nouvelle génération." C’est l’objectif affiché par Véronique Dumas, commissaire d’exposition en charge de l’exposition "Talents, nouveaux garants de la coutellerie thiernoise".
Celle-ci est à découvrir jusqu’en juin 2026 au musée de la Coutellerie.La spécificité de ces jeunes talents dans le métier : "Ils apportent de la nouveauté, de la créativité". C’est l’exemple de Roland Lannier qui possède "une identité propre, il crée un univers, casse les codes", salue-t-elle.
Dix-neuf exposantsQuéreux, Piccolo ou encore couteau Diderot façon Empire… Dans les salles du musée, le public présent lors du vernissage mercredi dernier pouvait découvrir les différents couteaux présentés par dix-neuf exposants dont trois jeunes indépendants. La plupart de ces hommes âgés de 20 à 40 ans se sont formés au CFAI d’Auvergne, à Thiers. "Certaines pièces sont des chefs-d’œuvre et des créations originales réalisées à la fin de leurs études", précise Véronique Dumas.
Un peu plus loin, Marie Decap, compagne d’Alexandre Himonnet, l’un des exposants et propriétaire d’un atelier à Puy-Guillaume, observe avec intérêt les différentes créations."Il y en a pour tous les budgets. Quand on regarde ces objets, on ressent la patte de chaque coutelier. Et maintenant, les couteaux sont des objets d’art." La spécificité de son partenaire ? "Être dans la simplicité tout en proposant quelque chose d’utile au quotidien."
"On ressent la patte de chaque coutelier"
Le couple est arrivé en Auvergne en 2011, « il y avait alors beaucoup de vieilles familles dans le monde de la coutellerie, avec cette exposition, on voit le travail de ces jeunes talents. Cela prouve que le savoir-faire va perdurer », se réjouit-elle.
Deuxième volet en 2025La coutellerie ne manque pas d’inspirer car une nouvelle exposition devrait être à découvrir de mars à septembre 2025. Cet acte II sera proposé à la cité de la Coutellerie "pour que les deux lieux se répondent", pointe Véronique Dumas.
"Ce deuxième volet mettra en avant les lieux de transmission comme le CFAI, la famille", précise Florent Molle, directeur du musée.
Les deux expositions se retrouveront ensuite au musée de la Coutellerie jusqu’en juin 2026.
Pour créer un couteau, il me faut entre deux jours et demi à plusieurs semaines en fonction de la complexité du projet. Je commence toujours par une idée, une envie, un dessin avant de composer avec ce que j’ai. Pour travailler, j’aime les matières animales et minérales à l’instar de la nacre."
Bastien Toubhans, 30 ans, ArconsatBastien Toubhans a fabriqué trois couteaux dans le cadre de cette exposition. "À l’origine, j’ai fait des études pour devenir chercheur mais après un an de travail, je me suis rendu compte que cela ne me plaisait pas. Dans ma recherche d’artisanat, je voulais être indépendant et fabriquer de A à Z. Je suis venu dans la région pour apprendre le métier auprès de Guillaume Antoniucci. Je me suis installé à mon compte, il y a un an. Lorsque j’ai été appelé pour exposer c’était l’occasion de réaliser des projets que j’avais en tête depuis longtemps. J’ai ainsi fabriqué trois couteaux avec des pièces plus recherchées que d’habitude : des décorations luxueuses, du travail de sculpture et des techniques d’orfèvrerie. Par la suite, je souhaite développer mon atelier et explorer le répertoire de la coutellerie fine ancienne. Je travaille avec des méthodes plutôt modernes tout en me replongeant dans les méthodes anciennes. L’idée ? Donner une apparence ancienne tout en ayant un couteau purgé de tout défaut."
Benjamin Lohou, 36 ans, CourpièreBenjamin Lohou est spécialisé dans les "Pradels".
"Ce qui m’a conduit vers ce métier ? La nature, le couteau de survie. Il y a quelques années, j’ai suivi la formation avec le CFAI qui s’est terminée en 2011. Et depuis 2017, je possède mon propre atelier à Courpière. Ma spécialité est de créer les plus beaux “Pradels”. C’est le couteau emblématique de Thiers, je le réinterprète avec des options modernes tout en conservant une sobriété. Je fais des “Pradels” avec une forme que je décline avec différentes matières. Ce couteau a toujours été rustique, j’en fais des pièces de luxe, des couteaux d’artisans."
Lydia Reynaud