Philippe Suchaud, vainqueur de sa quatrième Marseillaise : "les vieux sont toujours là"
Une heure et quarante-quatre minutes de jeu. Onzième et dernière mène, ce mercredi 3 juillet, de la finale du Mondial La Marseillaise qui oppose la triplette Suchaud/Quintais/Jouffre à la formation Molinas/Rousseau/Tierno. Suchaud a la boule de la gagne dans la main.
Pas le choix, il faut tirer. Seulement voilà, l’objectif se trouve à environ douze mètres suite à un déplacement du cochonnet. "Tu peux le faire", lance son partenaire préféré, Philippe Quintais, qui pense que le champion bourbonnais va tirer "plein fer". Suchaud n’est pas de cet avis car le terrain ne facilite pas les tireurs.
"Si je tombe dix (centimètres) devant, je la saute", prévient Suchaud qui décide de frapper devant. Une bonne vieille "raflette" à l’ancienne qui se termine par un carreau net synonyme de victoire pour son équipe, 13 à 9. Contacté ce vendredi matin au téléphone, à la veille de participer au Mondial de Pétanque Laurent-Barbero à Fréjus, Philippe Suchaud raconte la scène avec délectation.
Je n’étais pas là pour faire le fanfaron, c’est pour ça que je n’ai pas tiré au fer.
"Je m’y étais préparé dans ma tête, je savais que j’allais devoir tirer. En fait, il suffisait de mettre droit. Il n’y avait pas besoin de faire un carreau." Au final, ce tir amuse le multiple champion du monde. "C’est la première fois que je tire une boule importante comme ça."
Quelques minutes plus tôt, en début de mène, le joueur de Cosne-d’Allier avait déjà réalisé un premier exploit en plantant un carreau net à 9,95 m. Du "Suchaud time" dans le texte qui va passablement perturber l’équipe adverse coupable d’un manqué triple rédhibitoire.
Ce n’est pas une surprise de voir Philippe Suchaud et Philippe Quintais inscrire une quatrième fois leur nom au palmarès de la Marseillaise. Sauf que cette victoire, sans être miraculeuse, aurait dû basculer de l’autre côté. C’est bien simple, l’équipe emmenée par un impérial Sébastien Rousseau a eu l’avantage sur presque toutes les mènes.
Le tir au bouchon du roi QuintaisUne domination nette et sans bavure soldée par un 8 à 2 à la septième mène. Jean-Claude Jouffre en dehors du coup, les deux "Fifi" ont fait du moyen en début de partie. "Je tirais une boule sur deux", reconnaît Suchaud. "À 2-8, j’ai demandé à Philippe (Quintais) s’il ne fallait pas qu’on tourne. Finalement, on a continué comme ça." L’équipe Quintais aurait pu être menée plus largement si Tyson Molinas n’avait pas emmené le bouchon à la cinquième mène, privant son équipe de la possibilité de marquer cinq points.
Pire, la mène suivante, les favoris ne sont pas passés loin d’être menés 12 à 2. À sa deuxième tentative, Quintais sauvait sa formation en sortant le bouchon sous les vivats du public. Leurs adversaires avaient encore cinq boules en mains ! La partie était presque terminée.
Fazzino et Suchaud reviennent sur leurs années aux Marais à Montluçon
Le roi Quintais limitait encore la casse à la septième mène en reprenant un point très difficile qui contenait les adversaires à seulement deux nouveaux points. "Le tournant de la partie, c’est le tir au bouchon de Philippe", analyse Suchaud. "L’autre moment important, c’est aussi quand on marque la mène de quatre points qui nous remet dans la partie."
Pas faux. À 6-8, l’équipe Suchaud commence enfin à voir le bout du tunnel. Les tirs se font plus précis et, malgré un Jean-Claude Jouffre irrégulier, la team Molinas commence à montrer des signes de faiblesse. "On n’a pas paniqué. On s’est toujours dit qu’on allait essayer d’élever notre niveau de jeu. C’est ce qu’on a fait", commente sobrement Philippe Suchaud.
Quatre victoires. Philippe Suchaud remporte sa première Marseillaise en 2004. Il est associé à Philippe Quintais et Philippe Pecoul. La triplette s'impose à nouveau l'année suivante, en 2005, et en 2009. En 2024, c'est, associés à Jean-Claude Jouffre, que Philippe Quintais et Philippe Suchaud remportent une quatrième titre en commun.
Fabrice Redon