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Pas tous si cons ces candidats RN…

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Rencontre avec Charles Prats, Jérôme Sainte-Marie et Maxime Michelet...

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Les médias relèvent depuis plusieurs jours le passé sulfureux ou les perles embarrassantes de candidats RN incapables de répondre à des questions basiques sur leur programme. Pour un panorama plus varié (et honnête), nous sommes allés à la rencontre d’auteurs, historiens, ex-magistrats et intellectuels candidats dans leur circonscription.


Ils écrivent, ils pensent et ont aussi les mains sales. Habitués au commentaire de l’actualité, à l’étude des mouvements d’opinion ou à l’histoire parlementaire, certains intellectuels et auteurs ont délaissé le temps d’une campagne la théorie de la politique pour sa pratique. Candidats pour les législatives de 2024, Charles Prats, Jérôme Sainte-Marie et Maxime Michelet sont d’abord connus dans leur domaine de spécialité. Le premier est ex-magistrat et a écrit des livres remarqués sur les fraudes fiscales et sociales. Le second est sondeur et ancien directeur de l’institut CSA. Il a notamment analysé dans Bloc contre bloc : La dynamique du Macronisme la constitution en France d’un vote de classe. Le troisième est historien et universitaire, déjà auteur de plusieurs livres dont une biographie de l’impératrice Eugénie et un essai historique en défense du règne de Napoléon III. Ils ont en commun de posséder une certaine légitimité intellectuelle. Ils n’ont cependant jamais été éloignés du monde politique. Maxime Michelet a travaillé auprès d’Éric Ciotti comme conseiller aux discours, quand Jérôme Sainte-Marie dirige l’institut Héméra, chargé d’assurer la formation des cadres du RN. Charles Prats, a lui longtemps bataillé du côté du RPR et de l’UDI.

Racines familiales plutôt que parachutages

Tous se présentent dans une circonscription ultra-périphérique : M. Michelet est candidat dans la 3e circonscription de la Marne, Charles Prats dans la 6e de Haute-Savoie et Jérôme Sainte-Marie dans la 1e des Hautes-Alpes. Leur candidature effraie déjà la faune politique locale qui dénonce ces « parachutés ». Un argument qu’ils n’ont aucun mal à balayer : « C’est le seul et unique argument de mon adversaire. Démagogie de bas étage ! J’ai quitté la Champagne pour Paris en suivant le système méritocratique républicain et poursuivi mes études en khâgne à Henri IV » se défend Maxime Michelet. Charles Prats est plus ironique : « Je ne suis pas parachutiste, je suis pilote d’avion. Et un pilote, il n’a aucune raison de sauter en parachute d’un avion qu’il aime bien ! » Jérôme Sainte-Marie, lui, ne quitte jamais l’analyse : « Parler de parachutage évite d’assumer les positions peu consensuelles du programme du Front populaire ».

La faiblesse de l’argument traduit aussi une fébrilité. S’ils sont aperçus à Paris dans les médias, les candidats sont bien du cru. Jérôme Sainte-Marie réside à l’année avec sa famille dans sa circonscription. Charles Prats y est né, y possède sa maison, s’y est marié et y a toute sa famille. Loin des caricatures d’énarques parachutés par leur parti sur un territoire qu’ils découvrent à leur arrivée, certains ressembleraient presque à ces ducs de cour que la comtesse de Ségur portraiture dans ses romans et qui se partageaient entre intrigues politiques dans leur hôtel particulier et retraites passées à surveiller la moisson au milieu des anciennes gens et métayers…

A lire aussi, du même auteur: Nicolas Conquer: l’union nationale «made in Normandy»

S’ils connaissent le terrain, ils doivent aussi assurer l’intendance d’une campagne. « Je fais moi-même ma colle, colle moi-même mes affiches… L’expérience d’années de militantisme à l’UNI (le syndicat étudiant classé à droite NDLR) et au RPR », assure Charles Prats, qui doit aussi ménager les inévitables cancans politiques provinciaux : « On boit des verres avec les maires et sénateurs sans pouvoir l’afficher sur internet. Ils sont officiellement du camp d’en face ». « Beaucoup reste à faire, le maillage militant n’est pas encore très fort dans la circonscription qui est très vaste », nous confie Jérôme Sainte-Marie qui roule sans freiner dans sa large circonscription rurale. Intellectuel, législateur, militant, auxiliaire de vie, un député se doit d’être couteau suisse. Au fil des ans, l’élu est en effet devenu une assistante sociale qui recueille sur rendez-vous les doléances des électeurs. Tiendront-ils permanence ? « Bien sûr !  J’aime les gens, leurs problèmes, leurs histoires… Sinon je n’aurais pas fait magistrat. J’ai fait plein de rendez-vous avec des électeurs que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam mais j’ai écouté » s’enflamme Charles Prats.

Le savant et le politique

Reste que la conduite d’une campagne change un peu des plateaux TV et des maisons d’édition. Pour attirer le chaland, il faut savoir être concret. Max Weber dissociait dans un ouvrage fondateur le savant du politique : le premier a pour objet la recherche désintéressée et austère de la vérité, quand le second est d’abord un homme d’action. Sur le terrain, nos trois candidats parviennent finalement à bien accorder ces deux dimensions. Maxime Michelet assure sans corporatisme que : « les historiens ont un rôle citoyen vis-à-vis de la mémoire. Ils portent un message mémoriel pour que les Français puissent comprendre d’où ils viennent, quelle est leur identité et où ils veulent aller ». Jérôme Sainte-Marie reprend sur le terrain sa théorie des blocs : « Les campagnes dépendent des territoires où l’on se présente. Aujourd’hui, je dois insister sur la nécessité de renouer avec une économie productive. Ce discours est entendu des chefs d’entreprise, des artisans et des agriculteurs ».

Les scores du premier tour sont encourageants mais ne garantissent pas toujours une élection dimanche. Avec 43.83% contre 31.93% pour son adversaire d’Ensemble, Maxime Michelet aborde le second tour en position très favorable.  A 38.42% contre 30.47 % pour son adversaire socialiste, Jérôme Sainte-Marie bénéficie d’une certaine avance, mais devra compter sur quelques reports d’électeurs de la majorité. Avec 36.41% contre 34.68% pour son adversaire marconiste, Charles Prats jouera son siège à quitte ou double.

On n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise. À l’Université, dans les médias, dans l’édition… leur situation était pourtant acquise. Pourquoi alors s’engager en politique au Rassemblement national où il n’y a que des coups à prendre ? Pour Jérôme Sainte-Marie, les constats politiques pessimistes ne suffisaient plus : « J’ai toujours eu une grande préoccupation dans mes travaux pour la situation des classes populaires tout en les accordant à la nation. Cette deuxième dimension m’a semblé prioritaire au fil des ans et il y a vraiment urgence à relever la France ». Entreprenant, Charles Prats fait la liste des lois qu’il aimerait porter pour son territoire et pour la France : fermeture d’un incinérateur, promotion d’une zone industrielle. Maxime Michelet fend un peu l’armure et n’hésite pas à convoquer son imaginaire d’historien : « Les moments historiques sont souvent des moments de césure. Quand un homme d’État comprend la nécessité de l’instant et pose un acte de césure. C’est un peu ce qu’a fait Éric Ciotti en permettant l’union des droites et en mettant fin à 30 ans de piège mitterrandien ». Dans la future Assemblée nationale, le RN pourrait compter sur ces hommes de dossiers, redoutables débateurs dont le calibre intellectuel n’aura rien à envier aux élus de la start up nations marconistes ou aux apparatchiks du Nouveau Front populaire.

À la guerre culturelle comme à la guerre : la conquête du pouvoir restera une guerre des idées.

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