LFI et sa purge à plusieurs milliers d’euros, cette décision qui divise les Verts
Et maintenant, la dissolution ! Ce second quinquennat est décidément à nul autre pareil. Le dernier remaniement avec Gabriel Attal à sa tête est déjà loin, les élections européennes sont à peine terminées que le président décide de convoquer des élections législatives. Plus que jamais, en coulisses, les uns apprennent à esquiver les croche-pattes, les autres se familiarisent avec l’art du complot, bref, tout le monde prépare l’après-Emmanuel Macron avec rigueur et détermination.
Le cas du commissaire Breton
Emmanuel Macron s’est beaucoup avancé sur la reconduction de Thierry Breton comme commissaire européen, avant le premier tour des législatives, alors que le choix devra être partagé entre le président et le futur Premier ministre. "Si c’est Bardella et que Macron lui tord le bras, le RN provoquera un vote négatif au Parlement européen", alerte un responsable de la majorité.
La date de péremption du Nouveau Front populaire
Ira ? Ira pas ? Rarement l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale (ou d’une coalition) n’aura été aussi sérieuse à l’aube de ce second tour des élections législatives. "Pensons-y toujours, n’en parlons jamais", disait Gambetta. À gauche, on y pense un peu plus qu’à l’habitude, mais pas à n’importe quel prix ou conditions. Et chacun y voit midi à sa porte. Les écologistes de Marine Tondelier se disent "prêts à gouverner". Pour Olivier Faure, une telle coalition n’aurait de sens qu’avec le programme du Nouveau Front populaire "comme centre de gravité".
"On a besoin de pompiers qui commencent à éteindre l’incendie", a déclaré François Ruffin, interrogé sur le sujet d’une coalition, et qui pose "sur la table" trois mesures : "le retour d’un impôt sur la fortune, le référendum d’initiative citoyenne et l’abrogation de la réforme des retraites". D’autres y ajoutent l’abrogation de la loi immigration, en sus. Mais tout le monde n’est pas de cet avis au sein du Nouveau Front populaire… "On ne gouvernera que pour appliquer le programme, rien que le programme, tout le programme", explique un membre de la direction de LFI, qui prévient : "Si on n’a pas la même attitude vis-à-vis du gouvernement, la cohérence de l’ensemble du Nouveau Front populaire sera entamée."
Les milliers d’euros de la purge à LFI
Ceux qu’on appelle les "Insoumis insoumis" n’en reviennent toujours pas de l’énergie dépensée par Jean-Luc Mélenchon et ses gardes rouges contre eux dans le premier tour de ces législatives. Alexis Corbière a vu venir dans sa circonscription plusieurs députés LFI sortants, tous fidèles au chef, faire campagne contre lui. L’écrivain Edouard Louis et le philosophe parisien Geoffroy de Lagasnerie ont même fait l’effort d’aller jusqu’à Montreuil pour appeler à voter pour la candidate officielle et vitupérer contre Corbière qu’ils ne considèrent pas comme "un homme de gauche".
Une réunion lunaire où ils ont accusé très sérieusement Corbière d’avoir saboté la sono et le micro qui fonctionnaient mal. Sur les réseaux, les petites mains de LFI ont aussi été chargées de supprimer les identifiants de connexion de la bande des "purgés" sur "Action populaire", le réseau social insoumis. Outre les actions judiciaires en nombre contre Corbière, Garrido, Simonnet et Davi (à Marseille) qui ont coûté de l’argent, le mouvement a aussi financé des campagnes SMS. Des milliers de messages ont ainsi été diffusés aux électeurs de ces circonscriptions où la guerre entre Insoumis a fait rage. Et LFI avait de l’argent à perdre : à raison de 10 à 33 centimes selon la longueur du message, l’opération avoisine plusieurs milliers d’euros.
Les Verts de retour sur CNews
Ils boycottaient la chaîne depuis 2020 pour les propos "racistes, misogynes, homophobes ou climatosceptiques" qu’y tenait Eric Zemmour, ancien chroniqueur régulier. Les Ecologistes, et Marine Tondelier, ont finalement fait leur grand retour sur CNews, le jeudi 4 juillet, et la secrétaire nationale a répondu aux questions de Laurence Ferrari. Une décision quasi unanime du Bureau exécutif, "exceptionnelle" et "unique", dictée par leur "détermination totale à battre le RN, sans aucune compromission", a justifié en interne la tête du parti. Au conseil fédéral (parlement du parti) qui s’était prononcé il y a quatre ans pour le boycott de la chaîne, la décision passe moyennement. "Nous n’avons pas voté ce texte pour qu’il soit d’application à géométrie variable", s’est ému un cadre dans une boucle électronique de la formation politique.
Feu sur Le Gendre
Il a beau avoir été parmi les historiques de l’aventure Macron et avoir présidé le groupe d’En Marche à l’Assemblée nationale de 2018 à 2020, Gilles Le Gendre, candidat dans la 2e circonscription de Paris en dissidence contre un proche de Rachida Dati, a subi les foudres de Gabriel Attal. Les militants de Renaissance ont ainsi reçu à la veille du premier tour un courrier avec une grande photo du Premier ministre au côté du candidat officiel, Jean Laussucq.
Signée par un responsable du parti, la lettre indiquait : "Gilles Le Gendre est un candidat dissident qui ne représente pas la majorité présidentielle et il ne dispose pas du droit de s’en revendiquer. Cela génère une grande confusion. […] Pour donner la plus large majorité possible à Emmanuel Macron et à Gabriel Attal, c’est pour le candidat investi 'Ensemble pour la République', Jean Laussucq, et pour son suppléant, Antoine Lesieur, qu’il faut voter." Arrivé troisième le 30 juin, et soumis à de très fortes pressions, Le Gendre a fini par se retirer mais en se désistant… pour la candidate du Nouveau front populaire, arrivée en tête.