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Июнь
2024

"Une nouvelle vague qui démarre et devrait durer tout l'été" : vous reprendrez bien un peu de Covid ?

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Il est passé par ici, il repassera par là… À la façon du furet de la célèbre comptine, le Covid semble surgir et ressurgir là où on ne l’attend pas, ou plus – à tort, dans les deux cas. Depuis la toute fin de l’année 2023, la circulation du virus était pourtant redescendue en flèche en France, pour atteindre un seuil minimal, proche de zéro, au début du printemps. Ce plateau bas s’est prolongé pendant quelques semaines, et patatras : cela fait un mois désormais que la courbe amorce une nouvelle (nette) remontée.

L’ampleur de la poussée reste difficile à cerner précisément. « Les gens se testant beaucoup moins qu’avant, la photographie est forcément floue et approximative, et l’interprétation compliquée », souligne Antoine Flahault, professeur à l’université de Genève.

Le dernier bulletin hebdomadaire de Santé publique France, publié ce mercredi 26 juin, livre néanmoins quelques tendances fortes. Pour la période allant du 17 au 23 juin, l’agence observe que « tous les indicateurs sont en augmentation, mais à des niveaux inférieurs à ceux des deux dernières vagues », et évoque un « impact modéré » à ce stade sur le système de santé.

Une présence accrue dans les eaux usées

Dans le détail, les actes réalisés par SOS Médecins « pour suspicion de Covid-19 » ont par exemple bondi de 2.023 à 2.784 en une semaine. 2.034 passages aux urgences liés au Sars-CoV-2 ont été enregistrés entre le 17 et le 23 juin, contre 1.450 du 10 au 16 juin. Le total des hospitalisations consécutives à ces consultations est lui passé de 543 à 770 (dont 603 patients de plus de 65 ans) dans le même laps de temps.

Autre indice – « sans doute le plus parlant à l’heure actuelle », selon Antoine Flahault : le réseau SUM’Eau, qui permet de pister les traces du virus dans les eaux usées de douze collectivités du pays (*), montre une circulation en progression de 21,6 %, après un bond de 49,3 % déjà la semaine précédente.

Déduction de l’épidémiologiste : même si sa hauteur reste incertaine, « nous sommes face à une nouvelle vague qui démarre et qui devrait durer tout l’été ». Comme à chaque fois, la France ne fait pas exception. « Toute l’Europe est concernée. Les courbes montrent même que certains pays sont” en avance”, si on peut dire, de quelques semaines. C’est le cas par exemple de l’Irlande, du Portugal ou de l’Espagne », ajoute le professeur Flahault.

Les responsables s'appellent JN.1, KP.2 et KP.3

Ce regain est directement lié à l’apparition d’une énième déclinaison d’Omicron – plus de 2.000 ont déjà été répertoriées – sous une forme baptisée JN.1, présente dans l’Hexagone depuis cet hiver et toujours très largement dominante à l’échelle nationale.

Le variant JN.1 a lui-même généré une famille joliment appelée FLiRT, qui compte parmi ses membres les « sous-lignages » KP.2 et KP.3. Ce sont eux qui sont responsables du retournement de tendance observé dans nos frontières et au-delà. La raison?? JN.1 et ses rejetons sont capables de contourner l’immunité conférée par les vaccins actuellement disponibles.

Échappement immunitaire

« Pour “survivre” et continuer à se propager, le virus a besoin de trouver des personnes qui y sont sensibles, reprend Antoine Flahault. Nous sommes désormais tous immunisés contre les souches qui ont provoqué les vagues précédentes, soit par le vaccin, soit par une infection antérieure. C’est donc à la faveur de mutations qui permettent de déjouer cette immunité résiduelle que de nouveaux variants émergent et finissent par s’imposer. »

Cette capacité d’« échappement » rend KP.2 et KP.3 mécaniquement « plus transmissibles » que leurs prédécesseurs. Avec, cependant, une limite d’importance : selon l’épidémiologiste, la faille se situe seulement « au niveau de l’acquisition du Covid-19, pas des formes graves ». Dit autrement, même si les contaminations se multiplient, les vaccins continuent d’offrir une protection efficace contre les complications associées au Sars-CoV-2.

La menace persistante du Covid long

Ce constat rassurant vaut au moins pour les personnes en bonne santé, pour lesquelles les dernières mutations n’entraînent pas de « spécificités cliniques connues à ce jour », d’après Antoine Flahault. « On reste sur le syndrome grippal classique, souvent associé à de l’essoufflement, plus rarement aux pertes de goût et d’odorat. »

Gare, cependant, au relâchement généralisé. « Il peut toujours y avoir des complications, essentiellement chez des personnes très âgées, qui souffrent d’un déficit d’immunité, et chez les femmes enceintes. » Au-delà de ces seules catégories, « n’oublions pas non plus que 10 à 20 % des infections, tous âges et tous publics confondus, peuvent entraîner des Covid longs. C’est un peu la roulette russe, et cela peut se traduire par des persistances très invalidantes pour certains. »

Stéphane Barnoin

(*) Dijon, Grenoble, Lille, Marseille, Nancy, Orléans, Paris, Pau, Rennes, Rouen et Toulouse.

Les JO, un futur tremplin pour le virus ?

Le rebond du Covid-19 interroge d’autant plus que des millions de personnes s’apprêtent à affluer en France, et notamment à Paris, pour les Jeux olympiques puis paralympiques. Le plus grand événement mondial va « certainement provoquer un brassage de variants », anticipe Antoine Flahault. Sur le plan sanitaire, l’épidémiologiste ne redoute pas d’impact majeur à ce stade, même s’il conseille « à ceux qui ne veulent pas attraper le Covid de privilégier les terrasses et les rassemblements en extérieur ».

L’hypothèse d’une irruption du virus dans le village olympique n’est en revanche pas exclue selon lui. « Comme tout le monde, relève-t-il, les sportifs se testent moins et prennent moins de précautions. Une infection ne fera pas de gros dégâts sur ces athlètes jeunes et en pleine santé. Mais certains pourraient bien se retrouver au tapis en matière de performance pure, avec un état de forme altéré lors des compétitions. »

A lire. Prévenez-moi?! Une meilleure santé à tout âge, d’Antoine Flahault. Éditions Robert Laffont, 352 pages, 20,90 €.