« Décarboner, c’est repenser la logistique » Pierre-Arnaud Vallon est l’un des cinq fondateurs de Vela autour de François Gabart. Le trimaran est conçu pour faciliter la manutention des palettes. Pierre-Arnaud Vallon est l’un des cinq cofondateurs de la compagnie maritime décarbonée Vela Sails For Goods. Et à l’entendre, on réalise que la voile n’est qu’une des composantes du projet.
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Transport, une navigation décarbonées ( À paraitre le 21 juin 2024)
VM : Votre projet de navire Vela se classe parmi les puristes du transport à la voile. Cela fait-il de vous des transporteurs militants ?
Pierre-Arnaud Vallon : Militants, on l’est forcément quand on prône une transition énergétique comme celle-ci. Mais les choix autour du bateau sont avant tout pragmatiques. Nous avons la conviction depuis le début qu’on peut décarboner à grande échelle sans faire de très grands navires, ce qui a été confirmé très clairement par l’audit de Vela réalisé par Carbone 4. Si on tient compte du cycle de vie des navires et de toute la chaîne logistique, malgré l’effet de masse qui joue en faveur des gros-porteurs, nous réduisons l’impact carbone de 80 % en tonnes/km par rapport à un porteconteneurs de 10 000 evp.
VM : Vous vous comparez à un porte-conteneurs, mais vous transportez des palettes...
PAV :Pendant des décennies, on a massifié le transport maritime pour faire baisser les coûts. Aujourd’hui, l’enjeu est plutôt de décentraliser la logistique pour décarboner à grande échelle. En accédant à un port secondaire, on évite des centaines de kilomètres sur la route. C’est pour cela que l’enjeu de la décarbonation du transport maritime va au-delà des 3 % du CO2 mondial émis par les navires. Les cargos à voiles apportent une souplesse logistique qui permet de décarboner à grande échelle, d’entrepôt à entrepôt, et de créer de la résilience sur ces territoires dits secondaires. On travaille la logistique maritime et terrestre avec une granulométrie beaucoup plus fine, et ça change tout.