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Май
2024

Mikey Madison : “Le plus dur, c’était la pole dance”

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I’m a valley girl”, nous répond Mikey lorsqu’on lui demande dans quel environnement elle a grandi. N’ayant jamais mis un pied à L.A., on la prie d’en décrire le sociotype : “C’est une expression péjorative vous savez, un cliché, en partie faux, en partie vrai, comme tous les clichés. Les gens se moquent de notre accent, de notre consumérisme excessif, nous accusent d’être trop superficielles et égocentriques”. Son enfance dans les vallées verdoyantes de la upper middle class californienne, Mikey l’a passée à monter à cheval, comme sa mère psychanalyste et sa grand-mère. Le dada de son père, également psy, c’est le cinéma. Il lui montre tôt les films de Tarantino, de Coppola fille “a goddess for me” et de Scorsese. Mais c’est en voyant Jennifer Lawrence dans Hunger Games (2012) et River Phoenix dans Stand by Me (1986) que le déclic se fait chez la timide adolescente. 

À la vie, Mikey Madison est donc à l’exact opposé du personnage de working-class strip-teaseuse qu’elle incarne avec un talent sidérant dans Anora, le film de Sean Baker, dévoilé mardi en compétition officielle. Elle serait même plus proche de celui dont son personnage tombe amoureuse, le spoiled child et fils d’oligarque russe incarné par le jeune Mark Eidelstein. L’Angeline de cœur a d’ailleurs été très surprise lorsque l’auteur de Tangerine l’a contactée : “Il m’avait vu dans Scream et voulait qu’on écrive un film ensemble, je ne pensais pas être dans les radars de son cinéma indé.” Mis à part le remake de la saga horrifique, elle s’est illustrée à travers un rôle récurrent dans la série Better Things, mais aussi par une place dans la Manson Family de Once Upon a time… in Hollywood, impressionnante pépinière next gen, puisqu’on y croise aussi d’Austin Butler, Margaret Qualley, Maya Hawke, Dakota Fanning, Victoria Pedretti et Sydney Sweeney. 

Comme Burt Lancaster

N’ayant pas pu accompagner Tarantino sur le tapis rouge il y a cinq ans, c’est la première fois qu’elle vient à Cannes. Dans le petit salon du Palais des Festivals où l’interview se déroule, l’actrice irradie de l’aura d’une star qui a éclos la veille, mais dégage aussi une forme de placidité. Elle a conscience de la rareté du processus créatif que lui a proposé Sean Baker qui lui a demandé de participer au scénario, de s’investir dans la création du personnage et d’en préciser les contours tout au long des répétitions et des séances d’improvisation qui ont précédé le tournage. Elle a également dû se soumettre à un entraînement intensif pour obtenir la silhouette et les qualités de danseuse de l’emploi : “Le plus dur, c’était la pole dance.”

Quand on la questionne sur ses rêves de cinéma, elle exprime l’envie de travailler un jour avec Lucas Guadagnino, dont elle a adoré le dernier film Challengers, “nerveux et sexy”. Mais son plus grand rêve est ailleurs : “C’est de pouvoir jouer dans un western où je monterai à cheval et ferai mes propres cascades, parce que ce sont les deux seules choses que je sais bien faire.” Allez, à Cannes 2026, on se dit qu’on se croisera au même endroit, pour un film de Chloé Zhao ou de Greta Gerwig (qui lui remettra peut-être un prix samedi soir), dans lequel on verrait Mikey Madison bride abattue, traverser un à un les jardins cossus de la valley, comme Burt Lancaster les piscines dans The Swimmer. 

Anora de Sean Baker, avec Mikey Madison et Mark Eidelstein, Etats-Unis, présenté en compétition le 21 mai.