Nouvelle-Calédonie: les barrages dégagés puis réinstallés, Paris dans l’impasse
« La gendarmerie intensifie son engagement face aux émeutes avec l'arrivée et la projection de nombreux renforts »: l’heure n’est pas encore au calme en Nouvelle-Calédonie comme en attestent les dernières communications de la Gendarmerie nationale ce 20 mai au matin.
Alors que le ministre de l’Intérieur avait annoncé une « grande opération » samedi 18 mai, deux jours plus tard, une partie du territoire échappe toujours aux pouvoirs publics.
#NouvelleCalédonie ???? La #gendarmerie intensifie son engagement face aux émeutes avec l'arrivée et la projection de nombreux renforts. #VousProtégerpic.twitter.com/MPeEvyK1Oo
— Gendarmerie nationale (@Gendarmerie) May 20, 2024
Aussitôt détruits, des barrages à nouveau reconstruits
« Une soixantaine de barrages ont été disloqués ». Le Haut commissaire en Nouvelle-Calédonie Louis Le Franc se félicitait le 19 mai au soir de la reprise de terrain par les forces de police et de gendarmerie. Un message vidéo posté sur les réseaux sociaux et illustré par des images in situ avait été suivi d’un communiqué précisant la situation et chiffrant à 76 le nombre de « barrages neutralisés ».
Mais quelques heures après ces communications officielles, l’AFP rapportait la réinstallation dans la nuit des barrages. Pire même : après une septième nuit de violences, les barrages tenus par des indépendantistes semblent «plus nombreux et plus imposants encore ».
Par ailleurs, pendant la nuit du 19 au 20 mai « un incendie notable et des actions de pillage » ont été constatés, rapporte le communiqué de presse du Haut-commissaire à la Nouvelle-Calédonie. L’incendie en question concernerait une entreprise de BTP ravagée par les flammes, dans le quartier d'Auteuil au nord de Nouméa.
Crainte du chaos: les pays voisins envisagent de rapatrier leurs ressortissants
La chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie a annoncé lundi que l’aéroport international de Nouméa resterait fermé aux vols commerciaux jusqu'au 23 mai à 9 heures.
Le ministre des Affaires étrangères australien Penny Wong a déclaré ce 20 mai avoir échangé avec son homologue français Stéphane Séjourné et affirme que Canberra met en œuvre les moyens de « faciliter le départ des Australiens » de Nouvelle-Calédonie. Ces démarches sont opérées conjointement avec le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères Winston Peters.
Macron «ne doit pas convoquer le Congrès de Versailles»
Le président de la République Emmanuel Macron a convoqué un Conseil de défense ce 20 mai à 18h30 pour évoquer les évènements en Nouvelle-Calédonie. Pour Sonia Lagarde, maire de Nouméa interrogée dans le quotidien Le Monde : « Le président de la République ne doit pas convoquer le Congrès de Versailles ». Cette dernière, soutien d’Emmanuel Macron, demande au président de ne pas « y aller en force », alors que le président a posé un ultimatum avec une adoption du texte contesté par les indépendantistes et voté par l'Assemblée nationale par le Congrès à Versailles « avant la fin juin » faute d’accord entre indépendantistes et loyalistes.
Du côté des indépendantistes, Dominique Fochi, interrogé sur Radio France, secrétaire général de l'Union calédonienne qui est le principal mouvement indépendantiste, a demandé le retrait du projet de loi de réforme constitutionnelle et demande : « Il va falloir qu'on soit entendus et qu'il y ait des gestes forts du gouvernement ».
Les émeutes qui agitent la Nouvelle-Calédonie ont éclaté après l’annonce le 13 mai du vote par l’Assemblée nationale d’une loi visant à élargir le droit de vote à de nouveaux électeurs aux élections provinciales, le scrutin local le plus important dans cet archipel.
Jusque-là, seules les personnes inscrites sur les listes électorales lors des accords de Nouméa de 1998 et leurs descendants pouvaient voter. Les personnes arrivées de métropole après 1998 et une partie des natifs étaient donc exclues du corps électoral. Les indépendantistes estiment que les Kanaks (population native) risquent d’être désavantagés par cette réforme. Cette arrivée de nouveaux électeurs est appelée le «dégel du corps électoral».