"J'ai perdu 40 à 50 % de ma récolte" : des vergers de pomme fortement impactés par le gel en Corrèze
Même s’il est encore trop tôt pour avoir un bilan global de l’épisode de gel de fin avril 2024 sur la production de pommes, certains producteurs font grise mine.
Installé à Estivaux, près de Brive, Stéphane Boisserie en fait partie :
Il y a une semaine, je n’avais encore aucune idée de ce qui s’était passé. Aujourd’hui, il y a des fruits sur les arbres, mais ils tombent. Les autres sont déformés et ne vont sans doute pas beaucoup grossir.
À vue d’œil, il estime avoir perdu "40 à 50 %" de la future récolte. Mais la situation est très disparate, en fonction de l'altitude, des vents, de l'exposition.
À quelques kilomètres de là, un pomiculteur d’Allassac dit n’avoir rien subi. Installé à Voutezac, Jean-Marc Moustraire a tout perdu sur les cinq hectares de son verger bio.
Des aléas météo qui s’enchaînent en quelques semainesLes responsables agricoles FDSEA et JA corréziens sont venus apporter leur soutien. Président de la chambre d’agriculture, Daniel Couderc demande la réunion de la commission d’expertise des cultures sinistrées : "Les dégâts sont très importants sur les vignes, les noyers et les petits fruits de plein champ. Sur la pomme, on a encore du mal à saisir l’ampleur".
Cette commission peut déclencher une expertise et des processus d’indemnisation. Elle aura du mal à effacer les interrogations des pomiculteurs face aux conditions météo extrêmes qui s’enchaînent.
Un hiver doux et une chaleur précoce ont fait fleurir les pommiers avec dix jours d'avance par rapport à 2023. Et du 19 au 23 avril, les nuits froides se sont imposées, parfois au-delà de - 2°.
"En avril, on a eu un gros coup de chaud, entraînant une fleuraison express, suivi ensuite d’orages et de grêle, témoigne Stéphane Boisserie. J’ai déployé les filets anti-grêle très vite. Manque de bol, quelques jours après, le gel est arrivé".
Il n’a pu mettre en route le système d’aspersion d’eau qui équipe son verger. Les filets anti-grêle n'auraient pas résisté au poids de l'eau gelée.
Jean-Marc Moustraire est encore plus dépité : autorisé à s’équiper pour l’aspersion, il n’a pas pu installer à temps le système, à cause des fortes pluies de l’hiver et de tracasseries bureaucratiques. Sur les cinq dernières années, seule 2023 a permis une bonne récolte de pommes.