Nouvelle-Calédonie : ces experts qui redoutent la guerre civile
Avis d’urgence en Nouvelle-Calédonie. Le haut-commissariat de la République a décrété, ce mardi 14 mai, un couvre-feu et l’interdiction de tout rassemblement, après une nuit d’émeutes dans l’île, marquée notamment par 200 départs de feux. Les protestataires indépendantistes entendent contester le projet de réforme institutionnelle actuellement discuté à l’Assemblée nationale, qui prévoit la fin d’un corps électoral "gelé".
L’accord de Nouméa de 1998, intégré à la Constitution française en 2007, restreint le nombre de citoyens qui peuvent voter : seuls les électeurs de 1998 et leurs descendants sont autorisés à participer aux élections provinciales. Un principe négocié entre indépendantistes et loyalistes, censé empêcher toute politique d’installation de citoyens acquis au maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République. Cette règle prive du droit de vote 20 % des habitants de l’île ; Gérald Darmanin entend la modifier.
La révolte calédonienne montre à quel point les équilibres sur l’archipel demeurent précaires, malgré trois référendums pro-maintien dans la République, entre 2018 et 2021. Dans Les Scénarios noirs de l’armée française (Robert Laffont), le livre de prospective d’Alexandra Saviana, dont L’Express propose cette semaine des extraits exclusifs, les spécialistes pointent le risque de troubles locaux tournant à la guerre civile, alimentés par l’immixtion économique de l’empire du Milieu. "La Chine pourrait profiter d’une faiblesse momentanée de la France pour accélérer le tempo", indique le stratégiste Pierre Razoux. Les experts gouvernementaux suivent déjà le dossier de très près.