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Май
2024

"Des emplois vont disparaître" : la grande inquiétude des promoteurs immobiliers à Clermont-Ferrand

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Entre 2022 et 2023, le nombre de ventes de biens neufs collectifs s’est effondré dans la métropole clermontoise, passant de 922 ventes à seulement 341, soit une baisse de 63 %. « Nous cumulons la conjonction de plusieurs phénomènes. En sortie de crise du covid, nous avons subi la hausse des matières premières, puis l’augmentation des taux d’emprunt et une dégradation de l’attractivité fiscale pour les investisseurs locatifs », détaille Philippe Vigneron, président de l’Œil (Observatoire évolutif de l’immobilier) Auvergne.

Et ce dernier constat sur l’attractivité fiscale n’est pas anodin pour la capitale auvergnate, comme l’explique Pierre Boyer, du bureau d’études et de prestation de conseils en immobilier, Adéquation. « Clermont est une ville qui a toujours été assez convoitée par les investisseurs locatifs car elle offre un certain dynamisme économique et son marché propose des prix cohérents. Or, avec le contexte actuel, cette part des ventes dans le collectif neuf a chuté passant de 70 % en 2022 à 56 % en 2023. » 

« C’est très alarmant, car la vocation des promoteurs était de s’adresser notamment aux particuliers pour produire le parc locatif. Aujourd’hui, ce débouché de vente est en train de s’effondrer avec tout un pan de l’économie derrière. »

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De forts enjeux pour plusieurs secteurs

Un sujet très inquiétant pour les promoteurs, d’autant que l’État compterait désormais sur des partenaires institutionnels que sont les assureurs et la Caisse des dépôts pour financer la construction de logement et couper le Pinel pour les investisseurs privés, jugé « trop coûteux ». « Je ne comprends pas comment le gouvernement peut affirmer que le Pinel coûte cher. Les investisseurs privés payent leur bien avec une TVA à 20 %, ils s’affranchissent de la taxe foncière et sont aussi imposés sur leurs revenus locatifs. Mécaniquement, ce système est excédentaire pour l’État puisque ce dernier ne reverse que 12 % sur neuf ans d’avantage fiscal (Pinel 2024). A contrario, les investisseurs institutionnels bénéficient d’une TVA réduite à 10 % et d’un crédit d’impôt égal à la valeur de la taxe foncière, à la charge de l’État, sur plusieurs années. De plus, seront-ils capables de financer les différents projets dans un contexte économique dégradé ? Quelle est donc la stratégie ? », s’interroge Stéphane Roque, président de la Fédération des promoteurs immobiliers Auvergne.

L’ensemble de la profession souhaite des solutions concrètes et durables car « en plus d’une prévisible pénurie de logements, des milliers d’emplois vont disparaître dans le secteur de la promotion immobilière et aussi dans celui du bâtiment. Mais malheureusement, le projet de loi sur le logement ne va pas dans le bon sens », insiste Philippe Vigneron. 

Stéphanie Merzet