Codérail monte au créneau pour dénoncer des malfaçons sur la ligne SNCF Bourges-Montluçon
Pour les membres du Comité de défense et de développement du rail de la région de Montluçon et du val de Cher, les années se suivent et se ressemblent. En juin, Christian Penain, président de Codérail, tirait la sonnette d’alarme. Un courrier avait même été envoyé aux élus du territoire pour les alerter sur l’état du réseau de la SNCF dans le bassin montluçonnais et les inviter à participer à une réunion publique.
Onze mois plus tard, les dirigeants de l’association considèrent que rien n’a changé. Même les travaux de régénération de la ligne entre Bourges et Montluçon, qui doivent s’achever fin août, ne trouvent pas grâce à leurs yeux.
Des travaux de mise en conformité"Entre Montluçon et Vallon-en-Sully, de nombreuses malfaçons ont été relevées qui vont nécessiter d’autres travaux de mise en conformité", assure Daniel Coffin, secrétaire de Codérail. "Le profil de la voie n’a pas été respecté. Résultat, la vitesse initiale de la ligne qui devait être de 120 km/heure est limitée à 100 km/heure", ajoute Patrice Pajot, secrétaire adjoint de l’association. Et les membres de Codérail de dénoncer l’utilisation par la SNCF d’entreprises extérieures pour la réalisation de ces travaux.
De son côté, la SNCF tient à préciser qu’elle a "fait appel à des entreprises dans le respect des règles fixées par le code des marchés publics" et que les contrats signés entre les deux parties "prévoient différentes clauses visant à garantir la qualité des prestations réalisées".
Dans son communiqué, la SNCF explique que ses équipes "sont régulièrement amenées à émettre des réserves auprès des entreprises prestataires, sur tout type de chantier, comme c’est le cas pour les travaux conduits sur la ligne Bourges-Montluçon". Et de conclure que "dans le cas présent, ces réserves sont minimes considérant l’ampleur des travaux conduits et le bénéfice qu’ils apportent d’ores et déjà aux usagers (*)".
Changement de matérielDes arguments qui ne semblent pas convaincre les membres du comité de défense. "Certes, les travaux qui ont été faits vont permettre de gagner sept à huit minutes sur le trajet entre Montluçon et Paris. C’est pas mal mais c’est loin de répondre aux attentes des voyageurs. Je rappelle qu’en 1998, le trajet se faisait en un peu moins de trois heures. Aujourd’hui, il en faut près de quatre", regrette Daniel Coffin.
Autre point d’achoppement, la qualité du matériel roulant utilisé par la SNCF sur les lignes desservant Montluçon, "étoile ferroviaire aujourd’hui dévastée", selon Codérail. Ses membres affirment que les trains qui circulent actuellement pourraient être déployés l’année prochaine sur la région lyonnaise et remplacés par des "autorails vétustes d’un confort moindre".
Des versions différentesSelon le secrétaire adjoint Patrice Pajot, la décision qui ferait suite à la volonté de la Région Auvergne-Rhône-Alpes de ne plus faire circuler ses rames en Centre-Val de Loire devrait être entérinée en décembre. Vice-président de la Région en charge des transports, Frédéric Aguilera a une autre version des faits. Il explique que les trains en question, baptisés Régiolis, appartiennent à la Région Centre-Val de Loire. Que cette dernière souhaite les rapatrier sur d’autres lignes, qu’ils seront remplacés par un type de rames (X73500) circulant déjà sur la liaison entre Bourges et Montluçon et "qu’il ne s’agit pas de vieux matériel".
(*) La SNCF rappelle que la réouverture de la partie sud de la ligne est effective depuis le 26 février. Le chantier se poursuit au nord de Saint-Amand-Montrond jusqu’en août et des travaux complémentaires sont prévus de nuit en gare de Montluçon du 1er juillet au 29 septembre avec une interruption totale du trafic du 19 au 21 juillet.
Martial Delecluse