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Май
2024

Crise économique en Chine : la tactique de Pékin pour se redonner de l’élan

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C’est une mesure rare destinée à redonner de l’élan à la deuxième économie mondiale. La Chine va vendre un premier lot d’obligations d’Etat à long terme cette semaine, a annoncé, lundi 13 mai, le ministère des Finances.

Le pays est sorti en février de la déflation mais devrait peiner à atteindre son objectif de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 5 % s’il reste sur sa trajectoire actuelle, selon de nombreux économistes.

L’Etat commencera à émettre des obligations à 30 ans vendredi, dans le cadre d’une vente prévue de plus de 138 milliards de dollars de dette, selon un avis publié sur le site du ministère. D’autres obligations d’une durée de 20 ans et de 50 ans seront mises en vente, respectivement le 24 mai et le 14 juin. Le ministère des Finances n’a pas précisé le nombre d’obligations qui seront émises.

Taux de chômage élevé

La volatilité du marché immobilier et un taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes, sont parmi les principales préoccupations du gouvernement en ce qui concerne l’économie chinoise. La vente d’obligations avait été évoquée ces derniers mois par les autorités chinoises, le Premier ministre Li Qiang ayant indiqué en mars qu’elles seraient utilisées pour financer des projets majeurs d’importance stratégique.

La Chine n’a vendu des obligations d’Etat de ce type qu’à de rares occasions, pour faire face à des difficultés économiques majeures, comme début 2020 pour financer les efforts de lutte contre la pandémie de Covid-19. Les prix à la consommation en Chine ont augmenté en avril pour le troisième mois consécutif, confirmant la sortie de la déflation de la deuxième économie mondiale, mais la demande reste relativement faible dans le pays.

L’immobilier a longtemps représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine et constituait un important vivier d’emplois. Mais ce secteur clé est désormais sous pression, avec certains promoteurs au bord de la faillite (Evergrande, Country Garden…) et des prix en chute qui dissuadent les Chinois d’investir. Les mesures de soutien de Pékin au secteur n’ont eu pour le moment que peu d’effets.

Les autorités ont levé les restrictions qui pesaient sur l’achat de logements dans certaines régions, notamment dans les grandes villes de Hangzhou (est) et de Xi’an (nord), afin de stimuler les achats immobiliers.

Mesures plus ambitieuses

Lors de la réunion annuelle du Parlement chinois en mars, les dirigeants ont reconnu les problèmes auxquels l’économie est confrontée, et se sont engagés à prendre des mesures cette année pour relancer la croissance de l’activité.

Le Premier ministre Li Qiang avait déclaré qu’il ne serait "pas facile" d’atteindre les objectifs de hausse du PIB cette année, compte tenu des "risques persistants et des dangers cachés" pesant encore sur l’activité. Le ministre du Logement, Ni Hong, avait déclaré en marge de la réunion que la résolution de la crise immobilière serait également un défi. Il avait souligné que les sociétés immobilières qui "doivent faire faillite doivent faire faillite, et (que) celles qui ont besoin d’être restructurées doivent l’être".

Mais ces derniers mois, les responsables gouvernementaux ont été priés par les acteurs économiques de dévoiler des mesures de relance de l’activité économique plus ambitieuses. Le taux de chômage des jeunes a atteint le niveau sans précédent de 21,3 % à la mi-2023, avant que les autorités ne cessent de publier les chiffres mensuels. Les investisseurs ont appelé à une action beaucoup plus importante de la part du gouvernement pour redresser l’économie chinoise.

Le prix du train à grande vitesse va augmenter

Initiative encore plus surprenante. Les tarifs pour les usagers de quatre grandes lignes de trains à grande vitesse vont augmenter, raconte le New York Times. La Chine a, en effet, ouvert 28 000 milles de lignes depuis 2008, un symbole de la capacité du pays à réaliser de grands chantiers. Les augmentations tarifaires, qui entreront en vigueur le 15 juin précise l'agence de presse officielle Xinhua, sont dues aux "coûts d'exploitation tels que l'entretien des lignes, l'achat de véhicules, la mise à jour des équipements et l'emploi de la main-d'œuvre qui ont subi des changements majeurs..." Les augmentations tarifaires ont suscité de nombreux commentaires négatifs sur les réseaux sociaux en Chine, car les salaires ont stagné au cours des dernières années.

Cette mesure vise à faire face à la hausse des coûts et de la dette chinoise. Plusieurs services publics vont ainsi devoir se serrer la ceinture, à l'image de ce qui est déjà fait pour l'eau ou du gaz. Le ministère des Finances a ordonné à une douzaine de provinces chinoises parmi les plus endettées de réduire leurs dépenses cette année en échange d'un allégement de leur dette.