Quel avenir pour l'Inspé de Chamalières après la réforme de la formation des enseignants ?
Quel est l’avenir des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé) ? Depuis l’annonce d’une réforme de la formation des enseignants par Emmanuel Macron, le 5 avril, l’inquiétude a gagné les personnels. Au point qu’une journée nationale « Inspé mort » a été organisée, lundi, à l’appel d’une très large intersyndicale de l’enseignement supérieur et de la recherche.« La dernière réforme date de 2020 et n'a pas été évaluée, remarque Frédéric Dana, enseignant à l’Inspé de Chamalières. Cette nouvelle réforme part sur des principes dont tout le monde peut se féliciter, mais elle dérive vers des dispositifs qui sont inacceptables. »Parmi les avancées unanimement saluées dans les Inspé : une formation en cinq ans, le déplacement du concours en fin de licence, à bac + 3 (le concours se passe aujourd’hui en fin de master, à bac + 5) et la rémunération des lauréats pendant les deux ans de master. « Même si on ne peut pas vivre avec 900 € par mois », nuance Frédéric Dana, pour la FSU.L'Inspé de Chamalières lundi. Une assemblée générale des personnels est prévue lundi 13 mai.
Pour le reste, les informations qui ont fuité via un document de travail du gouvernement intitulé Les écoles normales du XXIe siècle n’apportent pas de réponses aux principales interrogations de l’intersyndicale : les Inspé seront-ils remplacés par les écoles normales ? La formation restera-t-elle universitaire, comme elle l'est depuis la création des IUFM en 1990, ou sera-t-elle pilotée par le ministère de l'Education nationale ? Qui en déterminera le contenu ? Qui nommera les enseignants ? Que deviendront les personnels de l’Inspé ? Les équipes de formateurs resteront-elles pluricatégorielles (enseignants chercheurs, enseignants du premier degér et du second degré détachés, à temps plein ou à mi-temps…) ?
"Aujourd'hui, la formation des enseignants, c'est le master Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation, construit dans le cadre des Inspé, qui sont une composante universitaire, recadre Frédéric Dana. Les universités font les maquettes du master, recrutent les enseignants et chercheurs et les enseignants de terrain et produisent les dispositifs d'évaluation."
Qu'en sera-t-il demain ?
"Le dispositif n'aurait plus rien d'universitaire. Les écoles normales remplaceraient les Inspé, les directeurs seraient des inspecteurs généraux, pilotés par le ministère de l'Education nationale, les maquettes seraient nationales et le ministère de l'Education nationale désignerait lui-même les formateurs."
Faute d'informations officielles, l'intersyndicale demande "l'ouverture de réelles concertations" et le report de la réforme, jugeant "irresponsable" de la mettre en place à moins de cinq mois de la rentrée.
A Chamalières, le directeur de l’Inspé, Ludovic Morge, attend lui aussi des précisions, en particulier sur le pilotage de la future école normale et sur ce qui sera proposé comme poursuite d'études aux étudiants qui échoueront au concours. Ce qui ne l'empêche pas de travailler déjà « sur des adaptations de la L3 Sciences de l’éducation pour être capable d’accompagner les étudiants dans la préparation du concours 2025 ».
L’Inspé de l’université Clermont Auvergne compte 27 enseignants chercheurs, 77 enseignants non-chercheurs et 55 personnels administratifs et techniques
Isabelle Vachias