ru24.pro
World News
Май
2024

Les quatre prévenus ont nié avoir voulu tenter de détruire la caméra sur un point de deal à Clermont-Ferrand

0

Aussitôt installée, aussitôt ciblée. Le 29 avril, une caméra de surveillance était installée, par la mairie de Clermont-Ferrand, à l’angle de rue des Plats et de la rue Sévigné, point névralgique du trafic de drogue du quartier Saint-Jacques. Le lendemain, elle recevait des cocktails molotov, le surlendemain, les câbles d’alimentation étaient incendiés. Un autre incident est survenu dans la nuit du 3 au 4 mai.Un policier, posté sur le toit de la crèche voisine, assiste à un curieux manège. Vers minuit, il voit arriver une Peugeot 406. Ses phares éclairent la plaque en métal, au sol, où passent les fils électriques de l’appareil. Le chauffeur reste au volant tandis que deux autres descendent de la voiture, s’accroupissent et tentent de la soulever à main nue, puis avec des outils pris dans le véhicule. Un autre entre à son tour dans le halo des lumières des lampadaires muni d’un bidon d’essence et d’un chiffon récupéré dans une poubelle voisine qu’il pose au pied du pylône soutenant la caméra. Il repart, laissant les deux premiers essayer d’enflammer le tissu. En vain.

Chaussures…

Interpellés, les quatre hommes, âgés de 18 à 35 ans, ont nié toute implication, liundi 6 mai, à la barre du tribunal de Clermont, où ils étaient jugés en comparution immédiate. L’un affirme être un guetteur : « J’étais là depuis le matin, devant le tacos, c’est tout ». L’homme au chiffon assure également n’avoir rien à se reprocher : « Je passais dans le quartier. Je ne suis pas dans le coup. Les policiers se sont trompés ». Un autre prétend avoir eu besoin d’un chiffon pour nettoyer ses baskets. « Vous nettoyez vos chaussures à minuit ? », rebondit la présidente Ferret. « C’est ça », ne se démonte pas le prévenu.Quant au conducteur, il n’a pas vu de chiffon, ni de plaque soulevée. S’il était rue des Plats, c’était « pour donner ses chaussures » à son ami. Le bidon d’essence sorti du coffre ? 

"Ça ne colle pas"

Leurs conseils, Mes D’Aversa, Marcelot, Guy et Me Fauve, ont, tour à tour, demandé la relaxe, soulignant la « fragilité » d’une enquête qui repose « sur un PV de surveillance ». Description des vêtements à l’appui – « qui ne colle pas » pour les avocats – il y a erreur sur les personnes. Il n’y a au contraire aucun doute, considère Laure Moisset. La procureure a repris les éléments de la surveillance du policier et a pointé des « explications fantaisistes ». Elle a requis des peines allant de quatre mois à six mois de prison avec mandat de dépôt.Trois des quatre prévenus ont été reconnus coupables de tentative de destruction du bien d’autrui. Le conducteur écope de six mois de prison ferme ; deux autres ont quitté le box pour purger six mois ferme. L’homme au chiffon, lui, a été relaxé au bénéfice du doute (*). Tous ont l’interdiction de mettre les pieds à Saint-Jacques pendant trois ans. 

 

Leïla Aberkane(*) Il a néanmoins écopé de 210 heures de travail d’intérêt général pour avoir refusé de déverrouiller son téléphone.