Un jeune homme condamné pour avoir tiré sur trois passants à Montluçon : "Il a fait cela par plaisir de faire peur"
Dans le box des prévenus, ce lundi 6 mai, Driss Quabbat-Bruand reconnaît l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. C’est bien lui qui a tiré sur trois personnes avec une carabine à plomb à air comprimé, le 28 mars, avenue Kennedy à Montluçon. Des personnes qu’il a ciblées "au hasard" depuis la fenêtre de son appartement situé au 3e étage.
Mais plus d’un mois après les faits, alors même qu’il a été placé en détention provisoire depuis le 3 avril (en attendant l’audience de renvoi de comparution immédiate de ce lundi 6 mai), il ne peut toujours pas vraiment expliquer ses actes. "J’ai pas réfléchi", assure-t-il.
Il tire sur une porte, des paraboles puis des passantsCe jour-là, alors qu’il avait déjà testé son arme "dans la nature" ainsi que sur une porte de son appartement, il commence par tirer sur des paraboles avec un ami. Avant de viser des passants dans la rue.
D’abord un homme d’une quarantaine d’années, le touchant dans le bas du dos. Puis un adolescent, l’atteignant à l’arrière de la cuisse. Et enfin une lycéenne, la blessant au niveau de l’épaule puis, en la ciblant une seconde fois, à l’arrière de la tête. De quoi valoir à chacun des deux jeunes, une ITT de dix jours et un "important choc psychologique" comme le souligne leur avocate Me Bonneau-Vigier.
"C’était quoi pour vous ? Une phase de test ? Vous commencez dans la nature, sur une porte, sur des gens dans la rue… La prochaine fois, ça aurait été à bout portant ?"
Le prévenu d’à peine 18 ans, "intrigué par les armes depuis tout petit", assure que non. "Mon acte est irresponsable, irrespectueux et inacceptable. J’ai beaucoup réfléchi en garde à vue et en détention. Je ne voulais pas leur faire mal." La présidente, montrant l’arme que le jeune homme a utilisée, lui lance : "Attendez monsieur, vous ne leur avez pas envoyé des roses !" Le prévenu avoue : "C’était dans le but d’effrayer."
"Le profil de quelqu’un de pervers, sadique"Le procureur de la République, lui, estime : "Il n’y a pas beaucoup de réflexion. Il a fait cela juste par plaisir de faire peur. C’est le profil de quelqu’un de pervers, sadique." Le prévenu n’a aucune mention à son casier judiciaire mais une expertise psychiatrique évoque une "personnalité lucide et froide compatible avec celle d’un serial killer", un "risque criminologique majeur" et "de réitération proche du certain".
L’avocate de la défense, Me Souef, argue de son côté : "Nous sommes en présence d’un tout jeune homme."
"Il est immature. C’est un grand adolescent qui s’est laissé aller à faire n’importe quoi. Rien à voir avec un serial killer ! Il a des regrets, des remords."
Mais pas de quoi convaincre le tribunal qui condamne Driss Quabbat-Bruand à trois ans d’emprisonnement dont dix-huit mois avec sursis probatoire de deux ans (le procureur avait requis trois ans dont un avec sursis probatoire) avec notamment l’obligation d’effectuer un stage de citoyenneté et une interdiction de paraître à Montluçon. Il aura par ailleurs l’interdiction de détenir une arme pendant quinze ans. Il est maintenu en détention.
Laura Morel