Condamné à de la prison ferme à Brive pour avoir braqué plusieurs prostituées
Quels sont les ressorts qui ont poussé un tout jeune majeur, sans casier judiciaire, à prendre rendez-vous avec des prostituées afin de les dépouiller de leur argent à l’aide d’un pistolet ?
Même à l’issue de la comparution immédiate, qui s’est tenue lundi 6 mai 2024 au tribunal de Brive (Corrèze), la réponse n’est pas évidente, d’autant que le motif semble futile. L’argent dérobé a servi à financer un week-end dans un parc d’attractions poitevin bien connu.
Le prévenu convient avoir fait " une très grosse erreur". L’immaturité, la bêtise ou l’inconscience cachent un acte très grave : un dossier d’extorsion par menace avec arme relève normalement des assises.
Deux plaintes au départSans doute pour tenir compte de l’absence d’antécédents judiciaires et d’un comportement coopératif avec les enquêteurs, ce cas particulier a été "correctionnalisé".
Deux prostituées en sont à l’origine. Elles décrivent le même scénario : contactées par l’intermédiaire un site spécialisé, elles conviennent d’un rendez-vous, pour une passe, à Brive ou à Tulle, avec un jeune homme.
Mais lorsque celui-ci se présente, il sort une arme, enclenche le mécanisme de charge et demande : "Où est l’argent ?"
Identifié par son numéro de téléphone, Killian Cont a été interpellé début mai, sur son lieu de travail, à Brive, alors qu’il est en mission d’intérim.
Face aux policiers, il raconte tout et reconnaît six victimes, des femmes en situation précaire, qui n’ont pas trouvé d’autre moyen que de se prostituer pour tenter de joindre les deux bouts.
Un profil idéal, a insisté la partie civile représentant les deux plaignantes : " Il pensait que des prostituées n’iraient pas porter plainte ou qu’elles ne seraient pas prises au sérieux ".
Un mode opératoire inspiré par des jeux vidéo et des filmsCe qui impressionne, c’est le mode opératoire, appliqué avec détermination et sang-froid, avec l’aide d’un pistolet de défense, acheté dans une boutique briviste et retrouvée dans son véhicule.
Le prévenu s’est inspiré de jeux vidéo, "de certains films. J’aurais dû demander de l’aide et rembourser plus tard". En tout, il aurait volé plus de 300 euros auprès de plusieurs prostituées, une somme qui lui a permis, le temps d’un week-end, de faire oublier à ses deux jeunes frères, les difficultés du quotidien.
"Ce qui compte, c’est moins les sommes que l’usage d’une arme", a insisté la procureure de la République, insistant sur la gravité du délit.
"Les faits ne reflètent pas la personnalité de mon client", a plaidé la défense, demandant une détention sous bracelet électronique. Killian Cont est reparti en prison, condamné à 24 mois de prison, dont 12 avec sursis probatoire durant deux ans.
Le tribunal lui interdit de porter une arme pendant cinq ans, confisque le pistolet et accorde un total de 4.300 euros de préjudice aux deux victimes.
Eric Porte