Renaissance du parc des Sources : la vie animale va reprendre ses droits
De la faune originelle du parc des Sources, on sait peu de choses. « Quand il a été construit, au début du XIXe, le parc, tout comme la ville, était beaucoup plus naturel », explique Dominique Scherer, directeur des espaces verts à la Ville de Vichy. « C’était également une époque avec moins de produits phytosanitaires, précise Henri Sarre, adjoint à la biodiversité. Inévitablement, il devait y avoir plus d’animaux. Mais lesquels… Difficile de savoir. »
La végétalisation du parc, prévue dans le cadre de son réaménagement, n’a donc pas pour objectif de retrouver une biodiversité fidèle à celle présente historiquement… Mais de la faire revenir tout court.
Un inventaire écologique pauvreEn 2018, la Ville lance son premier inventaire de biodiversité. Pour le directeur des espaces verts, les résultats ne sont pas surprenants : « On a trouvé ce que tous les Vichyssois connaissent, c’est-à-dire un envahissement par certaines espèces, qui appauvrit les autres. »
En amont du projet de réhabilitation du parc, cet état des lieux de la faune est renouvelé en 2021, par un spécialiste cette fois-ci, pour « faire les choses parfaitement ».
Ghislain Huyghe, écologue indépendant mandaté pour cette mission, a donc œuvré avec minutie et précaution : « La plupart de la faune française est protégée. Dans un parc ancien, en centre-ville, sur lequel tous les regards sont braqués, il fallait avoir une vigilance particulière. »
Je ne voudrais pas partir en retraite sans voir les écureuils au parc des Sources !
La cible de l’investigation, menée à grand renfort d’enregistrements sonores et d’observations à la microcaméra ? Des chauves-souris et des coléoptères, susceptibles de loger dans les marronniers et platanes. Mais aubaine pour l’abattage des arbres malades, ou triste constat pour l’écosystème local : aucun n’a été trouvé. Et mis à part quelques couples de choucas, petits corbeaux dont l’espèce est protégée, seuls des pigeons, des étourneaux et quelques corneilles sont aujourd’hui répertoriés dans le parc.
« Souris, hérissons, petits passereaux… Beaucoup d’espèces de petite faune sont pourtant adaptées aux espaces verts urbains. Mais il leur faut des refuges, pour se mettre à l’abri et se nourrir. » Des gîtes qui n’existent pas actuellement au parc des Sources, au grand regret de Dominique Scherer : « Je ne voudrais pas partir en retraite sans voir les écureuils au parc des Sources ! »Les rapaces, utilisés pour l'effarouchement, sont des prédateurs naturels pour les étourneaux.
Pour espérer le retour d’un équilibre entre vie animale et végétale, il faut s’attaquer à la racine du problème… Et pour Henri Sarre, celle-ci se trouve dans le sol : « Jusqu’ici, c’était du béton ou du sablé, il n’y avait aucune vie, très peu de vers de terre… En fait, c’était un sol mort. » La première étape de restauration du terrain, déjà réalisée, a donc été de le réensemencer en bactéries.
Des espèces qui résistent au changement climatiqueDeuxième étape, rendre l’éclairage urbain moins hostile, en l’orientant « le plus possible vers le sol, avec une température de couleur plus chaude, donc moins dérangeante pour la biodiversité. »
Enfin, le plus gros du chantier a été de repenser entièrement la stratification de la végétation. « On a choisi des espèces qui résistent au changement climatique, en créant cinq niveaux de végétation, de la pelouse aux grands arbres, pour que les animaux viennent s’y réfugier. On va également ajouter des nichoirs pour les chauves-souris et pour les chouettes, qu’on aimerait voir s’installer. Notamment parce que ce sont des prédateurs naturels des étourneaux », précise l’adjoint.
Et pour encourager le retour des écureuils, Dominique Scherer mise sur les couloirs de biodiversité en cours de création entre les bords d’Allier et le parc des sources : « On pense que ça se fera naturellement par la rue Prunelle, d’ici un ou deux ans. On a vraiment l’intention et l’envie de renaturer cet espace ».
Sandrine Gras
Photos Renaud Baldassin