French Tech Finance Partners : de nouvelles recommandations pour le financement des startups françaises
En avril 2023, le comité French Tech Finance Partners rendait son tout premier rapport sur le financement des startups françaises. Sa vocation ? " Contribuer dans la durée à la conception des politiques publiques de financement de l'innovation, pour développer l'écosystème tech français et proposer des réponses concrètes à ses problématiques. " Sur les 92 recommandations initiales du comité, 42 avaient été retenues par le gouvernement. Parmi elles, une vingtaine furent appliquées dans la foulée, à l'instar de la désignation annuelle d'une Capitale Française de la Tech (titre décerné cette année à la French Tech Bourgogne-Franche-Comté), la création d'un label Deeptech ou encore l'évolution des critères de sélection du programme French Tech Next40/120. Un an plus tard, le comité, une fois de plus piloté par Reza Malekzadeh (General Partner chez Partech, fonds de capital-risque spécialisé dans les entreprises technologiques et numériques) a remis à Marina Ferrari, secrétaire d'Etat chargée du Numérique auprès de Bruno Le Maire, son deuxième rapport.
Les différents constats du comité French Tech Finance PartnersDivisé en trois groupes de travail, le French Tech Finance Partners (FTFP) a remis cette année à la puissance publique 46 recommandations ayant émergé de trois axes de réflexion : la gestion des difficultés de financement des startups et des fonds d'une part, les voies d'exit pour les startups d'autre part et enfin les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans l'écosystème tech français. Cette orientation de réflexion stratégique devait ainsi répondre à plusieurs constats :
Premièrement, le ralentissement des financements dans la tech. En effet, en 2023, les levées de fonds en France ont affiché un net recul de 38 %, soit 8,32 Mds levés contre 13,49 Mds l'année précédente. Les sociétés technologiques sont particulièrement concernées : sur les trois premiers trimestres de 2023, les levées de fonds dans le secteur affichent une baisse de 37 % (5,1 Mds levés contre 8 Mds sur la même période en 2022). Deuxièmement, un sous-financement des startups dans les phases dites late stage, empêchant celles-ci d'atteindre une taille suffisamment critique pour conduire un exit (sortie d'un ou plusieurs actionnaires du capital d'une société) réussi. Troisièmement, la place de plus en plus importante des critères ESG dans l'économie, y compris dans le secteur des hautes technologies. Ces derniers créent de la valeur durable dans les entreprises. Les conseils du FTFP pour relancer le financement des startups Difficultés de financement et voies de sortie pour les startupsLa première des priorités présentées par le comité est de maintenir le financement des jeunes pousses. Cela doit passer, selon le FTFP, par un soutien clé aux startups en difficulté présentant un intérêt stratégique et un modèle d'affaires soutenable, notamment les Deeptech. Pour aller dans ce sens, le comité propose entre autres, pour le financement des startups, d'accélérer le paiement des aides dues de l'Etat aux startups en tension de trésorerie (en accélérant le remboursement des crédits d'impôt déjà attribués, par exemple), de créer des référents dédiés pour venir en appui aux startups en difficulté, de renforcer le financement européen ou encore de mettre en place un guide de bonnes pratiques pour favoriser l'acquisition de jeunes pousses par d'autres. Quant aux levées de fonds, le comité suggère notamment aux autorités françaises d'inciter le Fonds européen d'investissement (FEI) à réinvestir dans les levées de fonds early stage, étape cruciale dans le développement d'une startup.
Pour pallier le sous-financement en phase late stage touchant les jeunes sociétés au fort potentiel, le FTFP préconise de sensibiliser le private equity et le venture capital (capital risque) aux enjeux de sortie - via le build-up entre pairs ou l'introduction en bourse, par exemple - et de créer un " forum commun " pour améliorer la communication entre ces deux écosystèmes. Le comité incite par ailleurs à renforcer la capacité des ETI et grands groupes français à acquérir des startups ambitieuses. Le but affiché du French Tech Finance Partners est clair : sensibiliser l'ensemble des acteurs du cycle d'investissement aux options de sorties disponibles. " C'est en effet grâce à des sorties réussies que la dynamique d'investissement s'intensifiera et que l'attractivité de la place de Paris se renforcera ", réitérait récemment dans une tribune le directeur du comité FTFP.
Pour une meilleure prise en compte de l'ESGLa bonification du cycle d'investissement ne pourra s'opérer sans pousser les entreprises à évaluer leur impact environnemental, à promouvoir la diversité et l'inclusion dans la tech et à améliorer les pratiques de gouvernance. Partant de ce constat, le comité appelle à " une valorisation systématique " de l'ESG. Or cela pourrait passer, d'après les travaux menés, par la création d'un socle commun aux différents acteurs, la création d'une liste précise de critères établie par la French Tech (qui tiendrait ainsi un rôle de standard), l'établissement d'une charte d'engagement ou encore l'organisation d'un événement national annuel dédié à ces enjeux... Des propositions volontairement positives pour encourager toutes les startups à aborder l'ESG comme un levier de création de valeur, et non comme un coût à la fois humain et financier freinant la compétitivité.
Le rapport complet du French Tech Finance Partners est à retrouver ici
Cet article a été publié initialement sur Big Média French Tech Finance Partners : de nouvelles recommandations pour le financement des startups françaises