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Май
2024

Une Creusoise obtient la reconnaissance « morte en déportation »

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C’est en fouillant par hasard les archives de sa commune auxquelles il avait accès en tant qu’ancien maire que Jean-Luc Léger a fait une étonnante découverte. Sur les actes de décès, il est indiqué que Valentine Bessette née le 19 septembre 1914 dans le hameau de Pourcheyroux, est décédée à Berlin en 1944. « Tout de suite, ça m’a interloqué, raconte celui qui est également professeur d’histoire-géographie. Comment cette Creusoise a pu mourir à Berlin durant la Guerre ? »

A partir de là, l’ancien maire se lance dans ses recherches. Les deux seules nièces qu’il réussit à retrouver n’ont pas de souvenirs précis. Le peu d’éléments retrouvés sur sa vie permettent toutefois de retracer son parcours. En 1939, Valentine Bessette se marie avec un Italien , Laurent Zamponi, à Avignon. Au début de la Seconde Guerre mondiale, le couple est censé reprendre un fonds de commerce à Limoges mais se retrouve contraint par les forces d’Occupation d’aller travailler en Allemagne. « Ces travailleurs forcés, venus de toute l’Europe occupée, ont formé jusqu’à 20 % de la main-d’œuvre de l’économie de guerre nazie », explique Jean-Luc Léger. Parmi eux, près de 600.000 travailleurs français ont été envoyés en Allemagne dans le cadre du service du travail obligatoire. 

Des destins oubliés

La Creusoise Valentine Bessette travaillait en tant que femme de chambre au sein de l’hôtel Bristol à Berlin. Le 15 février 1944, l’établissement est bombardé par les Alliés. Elle ne survit pas. Son mari, quant à lui, a la vie sauve. « Ce n’est qu’en 1948 que son acte de décès est officiel et que l’Etat demande au maire de la commune Louis Pauty de l’inscrire dans le registre », relate Jean-Luc Léger.

Après trois mois de recherches, le professeur d’histoire parvient à obtenir la reconnaissance « morte en déportation » pour Valentine Bessette. « C’est assez émouvant, lâche-t-il. Cette femme n’avait rien demandé à personne. Comme elle, des milliers de noms, de destins tragiques, sont tombés dans l’oubli. Alors quand on arrive à incarner une histoire derrière un nom, on est tout de suite davantage sensibilisé. »

A l’occasion de la commémoration du 8 mai 1945, une plaque avec le nom de Valentine Bessette et la mention « Morte pour la France » devrait être déposée sur le monument aux morts de la commune de Saint-Marc-à-Loubaud. 

Ciné débat

Le 8 mai à 15 heures à la salle polyvalente de Saint-Marc-à-Loubaud : projection du film Une vie suivie d’une conférence sur le sauvetage des enfants juifs dans la Creuse durant la Seconde Guerre mondiale.

Vincent Faure