Le rappeur Danyl de passage à Tulle : "C'est en étant différent qu'on se démarque"
Le hip-hop est à l’honneur à Tulle du 13 au 18 février. Le rappeur Danyl fait partie des artistes programmés sur la première édition du festival Hoora !. Dans un entretien, le rappeur revient sur sa jeune carrière.
Tu entames ta première tournée solo dans toute la France. Appréhendes-tu ce moment ?
C’est complètement fou ! Toutes les heures que je passe au studio à faire de la musique prennent enfin du sens. L’appréhension, je dirais qu’elle vient surtout au moment de monter sur scène. Avant ça, je ne ressens que le côté excitation que me procure la tournée. En plus, je pars avec une fine équipe que je connais très bien, donc ça ne peut que bien se passer.
Es-tu déjà venu en Corrèze ?
Non, c’est la première fois, comme beaucoup de villes par lesquelles je vais passer pendant ma tournée. Pour l’instant, la seule chose que je sais sur Tulle, c’est que c’est la ville de François Hollande, donc j’ai hâte de découvrir à quoi ça ressemble et pouvoir me faire une autre idée ! (rires)
Tu fais partie des quelques rappeurs qui font des lives sur la plateforme Twitch. D’où est venue cette idée ?
J’étais déjà consommateur de lives Twitch bien avant d’en faire. Un jour, j’étais au studio avec des amis, puis je me suis rendu compte que j’interagissais beaucoup avec eux, je leur demandais leur avis… C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de me lancer sur la plateforme.
Cela t’a permis d’être propulsé sur le devant de la scène…
Exactement ! C’est en partie grâce à Twitch que je remplis des salles. En interagissant avec le « chat »*, je crée du lien avec les gens qui me regardent. La tournée, ça nous permet de se retrouver en face-à-face, et de jouer les musiques qu’on a faites ensemble.
Rappeur aux inspirations orientales et latines, Danyl propose un univers plutôt ensoleillé et plein d'espoir.
On sent dans ta musique une réelle volonté de sortir de la pauvreté. Malgré tout, tu en parles avec beaucoup d’espoir. Comment arrives-tu à prendre le sujet de cette manière ?
La pauvreté, je ne vois pas ça négativement. Je me persuade que ce n’est qu’une période de ma vie, et qu’un jour ou l’autre, on va s’en sortir. Justement, c’est en continuant à travailler comme je fais que petit à petit, je m’en sors.
Double possibilité de t'en sortir, car en plus d’être rappeur, tu es compositeur. À terme, comptes-tu te tourner vers une seule des deux activités, ou tu préfères garder cette double casquette ?
J’aime beaucoup faire les deux. Le travail de compositeur me plaît beaucoup, ça me permet de sortir des projecteurs. J’ai beaucoup aimé travailler sur certains projets, et honnêtement, j’aurais pu en faire ma carrière. Mais j’ai trop de choses à dire dans ma musique pour ça ! Plus ma carrière de rappeur évolue, et plus je me rends compte que c’est dur de porter toutes les casquettes. Parfois, ça fait du bien de déléguer une partie du travail à d’autres personnes. Donc on verra bien comment ça se passe.
Je pense qu'il faut rester conscient qu'on ne peut pas plaire à tout le monde.
Comment arrives-tu à te démarquer, tout en faisant un style de rap qu’on n’a pas l’habitude d’entendre en France ?
À l’époque, des rappeurs comme PNL, SCH ou Hamza sont arrivés avec des styles complètement différents. Ça a d’abord divisé, puis ils ont fini par mettre tout le monde d’accord, et aujourd’hui, ces rappeurs sont devenus des grosses têtes du rap français. Des parcours comme ça, ça m’inspire beaucoup, mais ça me met surtout en confiance. Aujourd’hui, j’arrive à me dire que c’est justement en étant différent qu’on se démarque. Je pense qu’il faut rester conscient qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Vouloir plaire à tout le monde, c’est finalement ne plaire à personne.
Dans la nouvelle génération de rappeurs, tu n'es pas le seul à penser de cette manière...
Oui, c'est pour ça que j'aime beaucoup toute cette nouvelle génération. Le style de rappeurs comme Zamdane, TIF ou Rounhaa me parle forcément, puisque, eux aussi, ont un côté assez oriental dans leur musique, même s'ils ne font pas tous la même chose. On se soutient entre nous, ça nous pousse vers le haut.
Tu as sorti deux EP en 2023 : Khedma et Khedma 2. Khedma 3 est dans les tuyaux pour 2024 ?
C’est possible ! (rires) Plus sérieusement, Khedma, c’est un projet en trois parties. Quand je sortirai la troisième partie, ça formera une mixtape. Je n’ai pas de date de sortie en tête pour l’instant : je préfère prendre mon temps pour faire de la bonne musique.
*Fil de discussion où les spectateurs du live peuvent écrire en direct à l'auteur du live.
Propos recueillis par Samuel Purdy
Toute la programmation du festival Hoora! sur : deslendemainsquichantent.org Concerts de Danyl, Zed Christ, Juste Shani et Tracy de Sá le vendredi 16 février. Ouverture au public à 20 heures, début des concerts à 21 heures. Billetterie disponible sur ce site.