L'instauration d'une taxe Gémapi fait des remous en Sumène Artense
C’est une antienne des conseils communautaires en Sumène Artense. Tous les ans, au budget, le représentant de Saint-Pierre, Alain Coudert, invite les élus à baisser les taux d’imposition pour compenser la hausse des bases et limiter l’impact sur le pouvoir d’achat des habitants.
Son discours a généralement peu d’écho, sauf jeudi 19 septembre, à Lanobre. Car il s’agissait, cette fois, de la création d’une taxe : pour financer la politique de Gémapi, l’entretien des cours d’eau sur le secteur Auze-Sumène, Sumène Artense communauté fait cotiser ses habitants.
L’affaire n’est pas simple : la communauté de communes donne un montant à lever, en l’occurrence 80.000 €, et c’est l’administration fiscale qui fait les calculs. Une première simulation prédit un montant de 3,41 € par foyer pour des habitations type foyer cantalien, 2,39 pour un appartement, 6,83 pour une résidence secondaire, 17,40 pour un local commercial de 50 m²…
Pour Alain Coudert, « la création de cette taxe est facultative, et c’est à mon avis prématuré. On a un budget très à l’aise, la taxe foncière a augmenté, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (Téom) a augmenté, l’assainissement devrait quasiment doubler. J’estime que c’est beaucoup, et que c’est trop ».« Hormis la Téom, ce n’est pas de notre fait, répond le président Marc Maisonneuve. On a une situation financière saine, certes, mais lorsque l’on voit les discours qui sont faits au niveau national sur les difficultés budgétaires, on peut avoir des inquiétudes au niveau local. » Enfin, « à Saint-Pierre, il n’y a pas eu de baisse d’impôt… »
À Pascal Lorenzo (Lanobre) qui s’inquiétait des choix des autres communautés de communes alentour (« Il faut rester concurrentiel par rapport à la Corrèze »), l’exécutif répond que les autres collectivités ont fait ce même choix. Lever cette taxe permettrait d’obtenir des financements supplémentaires de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, au cœur des dossiers liés à cette ressource.
Reste la pertinence de la Gémapi. Par principe, Alain Coudert s’agace contre cette compétence, « qui nous a été imposée par l’État », et s’interroge sur les risques liés à l'eau dans le secteur.
« Les risques sont réels, on n’est pas à l’abri d’un embâcle »Stéphane Briant (Antignac), s’étrangle : « Je trouve ça léger, on a eu une inondation récemment sur la RD 3 qui a mis en danger une entreprise. Il y a un endroit où la Sumène a été enrochée dans les années 90. L’enrochement n’a pas été entretenu, ça pose des problèmes aux riverains. La Gémapi permettrait de faire des travaux. Les risques sont réels, on n’est pas à l’abri d’un embâcle ».
Fait rare dans une collectivité où les barrages se lèvent généralement en amont des conseils, la création de la taxe Gémapi n’a pas été votée à l’unanimité. Sur les 31 élus présents, six ont voté contre et trois se sont abstenus.
Pierre Chambaud